Lors de mes premiers pas en peinture, j’ai pris mes photos de vacances comme modèles. Céer m’apparaissait trop difficile. Je préférai copier. Je n’avais pas d’idée précise sur la direction à prendre: intention artistique, processus créatif, cheminement, style… tout cela n’était qu’un vaste charabia pour moi. Je ne savais qu’une chose : je voulais essayer la peinture! C’est tout!
Je me suis alors inscrite à une sorte d’atelier d’accompagnement. C’était de la peinture à l’huile. En 2007.
Et j’ai choisi une photo de vacances : paysages d’été en Provence (France) avec le village au loin, le clocher et tout et tout…
La prof répondait à mes questions et j’avançai tranquillement.
Trois mois plus tard, j’avais beaucoup appris, mais j’étais aussi tombée dans le perfectionnisme. Et je travaillais toujours sur la même toile…
Dans cet article, je vais vous parler de mon cheminement pour réussir à me détacher de la copie…
Note: afin d’alléger le texte, la forme féminine est employée sans aucune valeur discriminatoire.
J’en avais ras le bol de cette toile!
J’en avais marre de peindre cette toile, mais je voulais la finir. Pourquoi est-ce si important? Sûrement parce qu’on nous dit qu’il faut finir ce qu’on a commencé. Ou peut-être pour pouvoir la montrer ensuite? Mais ce n’était nullement les raisons pour lesquelles j’avais commencé la peinture.
J’avais commencé la peinture pour me faire plaisir. Pas pour me frustrer sur une copie de photo que je voulais parfaite. Pas pour me vanter ensuite de l’avoir fait. Simplement pour le plaisir de peindre.
Donc, dès ma première expérience, j’étais déjà en train de pervertir ma pratique de la peinture…
Mais alors la copie, c’est mal?
Comme je le dis souvent, la copie en soi n’est pas une mauvaise pratique, à condition de bien savoir pourquoi on l’utilise!
Ça veut dire quoi?
Cas 1 – On fait de la copie pour être fière du résultat
Alors là, en effet, je dirai : ATTENTION! Vous risquez fortement de vous enfermer dans le perfectionnisme, dans le besoin de reconnaissance, dans la maîtrise technique parfaite, et dès que vous voudrez créer, vous allez être bloquée (on verra ce point plus en détails plus bas dans l’article). C’est un aspect dangereux de la copie : on se transforme en technicienne de peinture, on devient plutôt une artisane-peintre qui ne fait que reproduire des photos, des peintures ou des styles, sans jamais sortir de sa zone de confort et créer. C’est ce qui m’est arrivé à mes débuts.
Alors bien sûr, si c’est cela qui vous plaît et que la création ne vous attire pas du tout, aucun problème. Je parle ici du danger potentiel pour celles qui souhaitent créer, inventer, s’exprimer et trouver un jour leur style. La copie ne doit alors en aucun cas devenir un objectif en terme de résultat final!
Dans cette situation, la copie devient une prison et brime la créativité de l’artiste.
Cas 2 – On fait de la copie pour apprendre une technique ou pour comprendre une notion
Je vais vous donner un exemple.
Je travaillais toujours mes cieux de la même façon, et j’avais l’impression de tourner en rond. J’ai alors décidé de copier 2 artistes que j’aime beaucoup et qui peignaient leur ciel d’une façon qui m’attirait énormément! Bien sûr, ces copies ont été faites sur papier ou sur carton, et je ne vous les montrerai pas ici, car je n’ai pas les droits d’auteur. Ces copies ont été faites dans un but de pratique privée, pour moi seule, et pour mieux comprendre les différentes façons de faire un ciel coloré.
L’exercice a été très formateur, et même si mes cieux ne ressemblent absolument pas à ceux de ces deux artistes, les copier m’a permis de sortir de ma zone de confort et d’explorer d’autres possibilités! J’ai ensuite « oser » plus facilement des cieux colorés!

Quand le jour s’éclipse – Acrylique sur toile -14x14pouces – vendue (©LiliFlore, reproduction interdite)
Dans cette situation, la copie devient une pratique libératrice, et non emprisonnante comme dans le cas 1.
Mais voilà ce qui se passe en général:
Lorsque l’on commence, il est plus facile de faire de la copie comme dans le cas 1 : on n’a aucune idée de ce que l’on veut faire, alors on prend une idée sur une photo ou une peinture, et on s’attaque simplement à l’aspect technique de la peinture. Ça nous permet d’avoir un point de départ, une ligne directrice, et nous évite de devoir se poser mille questions.
- Si on travaille bien, on arrive rapidement à des résultats satisfaisants, et alors on continue sans se poser de questions. On est fière et les gens nous félicitent. Sauf qu’au bout d’un moment (qui peut être quelques mois ou plus de 20 ans suivant les personnes), on en a marre et on veut créer!
- Autre possibilité : on n’y arrive pas, on se sent nulle en technique, nulle en dessin, et on se dit qu’on ne sera jamais capable de créer nos propres toiles si on n’arrive déjà pas à copier des images…
Et c’est là que la création nous attire…
Créer… quel doux mot!
Être créatrice… wahou! Parlons d’abord de celles qui ont déjà acquis une technique importante et qui souhaitent se détacher de la copie. Je parlerai ensuite de celles qui débutent dans les deux domaines, technique et créatif.
1. Passer de la copie maîtrisée à la création
J’adore les analogies, alors en voilà une que j’utilise souvent pour parler de cette transition artistique :
Une enfant qui est en dernière année de l’école primaire est en général dans une situation familière. Elle connaît les autres enfants, les professeurs, les locaux, la routine. Elle connaît les habitudes de certains, ce qu’il faut éviter, comment se comporter à tel ou tel moment. Cela ne veut pas dire qu’elle fera « tout comme il faut », mais disons qu’elle a beaucoup de points de repère pour que les journées soient fluides.
Puis, cette enfant grandit, et passe au secondaire (ou au collège en France).
Elle a un an de plus, elle a grandit et évolué, pourtant….
Pourquoi se sent-elle perdue? Elle ne connaît presque personne, et encore moins les professeurs! Elle doit changer de salle toutes les heures, mais n’a aucune idée de comment s’y rendre! Les consignes sont différentes, les horaires, les locaux, les couloirs, la cour de récréation… rien de tout cela ne lui est familier. Les cahiers de correspondance avec les parents sont compliqués, elle a plus de devoirs, et elle ne sait jamais à côté de qui elle va être assise. Et puis elle fait partie des plus jeunes de l’école, alors que l’année passée, elle était dans les plus âgées…
C’est très déstabilisant, et même si elle a grandit d’une année, elle a clairement l’impression d’être toute petite, d’avoir régressé même.
Passer de la copie à la création, c’est la même chose!
Et plus vous êtes avancée dans la maîtrise technique, plus la « chute » va être grande! Créer, c’est un autre univers, et si vous vous attendez à avoir un résultat aussi satisfaisant esthétiquement que lorsque vous faisiez de la copie, vous allez être très déçue! Ce qui, en général, ce traduit par un retour à la copie pour vous rassurer.

L’artiste est sans cesse en proie au doute…
Mais est-ce que l’on propose à la petite fille de retourner en primaire? Et même si on lui proposait, accepterait-elle? Non, elle déciderait de continuer, même si c’est plus difficile.
Voici maintenant la deuxième situation.
2. Commencer à créer sans forcément savoir copier
C’est en général le processus qu’un enfant (ou un jeune) choisira. Reproduire parfaitement ne l’intéressera pas (ou moins). À la rigueur, avoir un modèle pour s’inspirer, mais avant la vingtaine, c’est rare qu’une enfant/ado dise « Je veux copier à la perfection telle ou telle image! ».
Alors cette personne (enfant, ado ou adulte qui ne sait pas copier) sera moins sujette à s’auto-saboter lorsqu’elle créera. Elle comprendra plus facilement que c’est normal si ce n’est pas super au début, que c’est normal si le résultat n’est pas un chef d’œuvre, et elle acceptera plus facilement qu’il faut avoir des attentes cohérentes avec son niveau en peinture et ses apprentissages en créativité.
Bref, elle appliquera bien plus cet adage qui dit que la créativité est un muscle! Donc, qu’il faut le travailler et que pour cela, il faut accepter d’être débutante!
Le moment de vérité pour créer
Revenons à mes débuts. Rappelez-vous : je travaillais sans relâche sur la même toile, et même si le résultat était satisfaisant, je perdais au fur et à mesure le plaisir de peindre.
Et puis un jour, la prof nous a dit qu’on allait travailler la spontanéité. Que le but n’était pas de faire une toile finie, mais bien de sortir de sa zone de confort et peindre « sans réfléchir ». Elle nous a donné comme consigne de toujours prendre un outil spontanément, sans réfléchir, et de choisir nos couleurs de la même façon.
J’ai attrapé ma spatule que je n’avais JAMAIS utilisé, j’ai choisi une image modèle rapidement parmi mes photos, et j’ai peints une petite toile en même pas 1h30. En un seul jet. Sans réfléchir.

L’arbre – Huile sur toile – @LiliFlore, reproduction interdite (non disponible)
J’ai alors découvert un nouveau monde! Un monde où le plaisir de peindre n’est pas relié à une maîtrise parfaite de la technique, mais au simple geste de peindre, au plaisir pur, sans attente!
Quel bonheur!
Et j’ai aussi compris que grâce à cela, je venais de créer quelque chose de plus intéressant qu’une simple copie de photo. Ce n’était ni parfait, ni maîtrisé, mais ça avait un goût de spontanéité, de mouvement, d’authenticité, et même d’intimité que mon autre toile (celle « trop » travaillée) n’avait pas vraiment.
Je me suis alors donné comme mission de développer ce côté créatif, de me détacher de la copie et d’essayer d’explorer plus profondément ce qu’on appelle « la création artistique ».
Mais après, on fait quoi?
La grosse question…
… après, moi, qu’est-ce que j’ai fait?
Je suis tombée dans le même piège que tout le monde, je suis revenue à la copie de photo. C’était plus rassurant. Plus stable, plus « facile ».
Et au bout d’un an ou deux, et bien, j’ai arrêté de peindre, tout simplement.
L’étincelle n’était plus là. Le plaisir avait disparu.
Puis, un jour, plusieurs années plus tard (en 2013 pour être précise), je me suis rappelé le plaisir des premiers coups de pinceau, et j’ai décidé de redonner une chance à la peinture. Mon nouveau chéri (Bruno, mon conjoint actuel) était pour beaucoup dans cette prise de conscience (je vous raconterai cette histoire une autre fois, promis).
Et en même temps, je me suis carrément interdite de faire de la copie. Ou même de prendre des cours avec quelqu’un qui me dira de copier une image, ou bien qui m’enseignerait à peindre son style.
Je ne voulais pas maîtriser une technique, je voulais créer!!!!
Parce que c’est ça qui m’allume : CRÉER #?%# ! (et là vous pouvez ajouter le juron de votre choix, haha!)
Quand faut-il passer de la copie à la création?

Une de mes toutes premières créations: Tempête – huile sur toile – 18x24pouces
Cela variera pour chaque personne. Pour moi, ce fut assez rapide : au bout d’un un ou deux d’une pratique sporadique, j’étais déjà blasée de la copie. Mais certaines m’appellent pour prendre des cours avec moi et me disent qu’elles font de la copie depuis 30 ans, qu’elles ont adoré ça, mais qu’elles souhaitent maintenant créer et qu’elles n’ont aucune idée comment faire.
À vous de respecter votre rythme. Un bon indice : si vous copiez/reproduisez et que vous en avez marre de peindre, c’est que c’est peut-être le temps de vous lancer dans la création. Ou tout simplement, si vous faites de la copie, et que vous vous rendez compte que cela fait plusieurs mois que vous n’avez pas toucher vos couleurs… et que cela ne vous manque même pas… c’est sûrement que c’est le temps de passer à la création.
Quelque soit votre choix…
… ne vous sentez pas coupable. Vous préférez copier? Vous adorez faire un résultat parfait, même si cela vous demande des heures, des mois de travail sur votre toile? La création ne vous attire pas tant que ça? Écoutez-vous.
Mais si la création vous attire, ne laissez SURTOUT pas la peur de faire un mauvais résultat vous freiner! Car je vous l’annonce : il y a beaucoup plus de chances de faire des barbouillages en création qu’en copie! Il y a beaucoup plus de chances de faire un truc qui ne ressemble à rien, ou qui ne plaît pas à grand-monde, lorsque vous faites de la création plutôt que de la copie.
Sauf qu’une fois que vous aurez goûté à la satisfaction d’être créatrice, de laisser une trace visuelle qui n’émane que de vous. Une trace authentique, intime, personnelle (ou tout autre mot qui dit que ce qu’il y a sur la toile, ce sont vos tripes)… et bien la satisfaction que vous ressentirez vaudra bien toutes les frustrations que vous aurez ressenti en faisant des résultats décevants au début.
Écoutez-vous, comme une enfant s’écoute, et lancez-vous dans la création si cela vous attire, même si les résultats ne suivent pas. Vous verrez, un jour, ils arriveront et vous impressionneront vous-même…
Dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant. – Pablo Picasso.
En résumé, oser créer ne veut pas dire «faire un beau résultat». Mais juste «créer quelque chose», peu importe quoi! Les résultats arriveront quand l’univers aura décidé que vous serez prête.
Pour vous accompagner au mieux dans ce processus, j’ai créé des ateliers ponctuels thématiques que j’ai regroupés dans un abonnement mensuel (pas cher, pas cher, promis! Et sans aucun engagement!). Ça s’appelle « LE DÉVELOPPEUR DE CRÉATIVITÉ ». Pour lire la description et qui sait, rejoindre la communauté de mes étudiantes, c’est ICI qu’il faut cliquer!
Voici également quelques petites phrases motivantes pour vous aider à garder le cap de la création:
- Si je fais de la copie, j’écris clairement quel est l’objectif d’apprentissage visé. Je le fais comme exercice (sur papier, sur carton ou sur petit format), et non comme toile à accrocher;
- Lorsque je commence à créer, j’accepte que je redeviens débutante et que je ferai peut-être n’importe quoi;
- Si ce que j’ai fait comme création ne me plaît pas, au lieu de me frustrer, voici ce que je tente:
- regarder quels sont les éléments intéressants de ma toile que je pourrai éventuellement réutiliser dans une future toile : couleurs, formes, transitions, lumière, textures, effets…
- chercher si certains éléments me plaisent et je les « garde » lorsque je recouvre ma toile pour faire une autre toile par-dessus (cela peut parfois être un piège, et parfois un déclencheur puissant);
- remercier cette toile de m’avoir fait jouer dans mes couleurs tout ce temps. Durant ces instants, j’étais connectée avec mon artiste intérieur, et c’est mieux que de regarder la TV ou bien de faire la germaine sur les problèmes du voisin (haha);
- Je comprends que c’est la quantité de temps passer à créer qui me permettra de muscler et de développer ma créativité, et en conséquence, je me prépare une routine régulière de création en peinture.
- J’accepte que même si je suis capable de créer au bout d’un moment, je ne dois pas arrêter longtemps, car tout comme un muscle que je ne travaille plus, ma créativité s’atrophiera. Je dois donc « remonter sur le cheval » avec le sourire en sachant que tout reviendra tranquillement!
Si vous avez aussi quelques phrases motivantes à nous partager, écrivez-les dans les commentaires! Et bien sûr, n’hésitez pas à également poser vos questions 🙂
Voilà. D’ici le prochain article, osez devenir l’artiste en vous!
À bientôt!
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6 Comments
Merci LiliFlore pour cet article. Ma fille adore dessiner et elle s’est mise a la peinture récemment. Cependant, elle est tombée dans le piège de la copie et du perfectionnisme. Aujourd’hui elle a du mal à finir son tableur. Je vais lui partager ce post!
Bonjour David,
J’espère que ce post l’aidera à trouver son chemin.
Lili
Merci Aurélie! Je te dirais que, dans mon cas, je suis plutôt dans le contraire : je suis dans la création depuis mes débuts, en novembre 2009, mais j’aimerais faire du réalisme, mais, finalement, je m’aperçois que cela ne m’attire pas tant que ça, que c’est juste que je veux faire comme la majorité des peintres! Par contre, ton cours sur les couleurs m’aide beaucoup, puisque je veux tout de même apprendre à avoir un peu plus de réalisme dans mes créations (effet 3D, perspective…). Au revoir!
Allo Cléo!
Ravie de savoir que mon cours sur la couleur t’aide 🙂 C’est le but, mais j’aime toujours le lire ensuite, hihi. C’est intéressant ce que tu dis: vouloir faire comme les autres nous amène parfois à essayer des choses qu’on ne ferait pas. C’est bien d’essayer, mais c’est bien aussi de s’écouter, comme tu le fais, si finalement on n’aime pas ça!
Bonne peinture et merci pour ton commentaire <3
Toujour aussi inspirante chere Liliflore!!! Je suis justement bloquee sur un paysage realiste… Et je lis ton article…!!! Merci!!!
Merci Carole pour ton message! Bon timing alors 🙂