Peinture à l’huile ou acrylique? Une très bonne question à se poser. Soit lorsque vous débutez, soit si vous êtes attirée par le changement!
J’ai commencé à peindre à l’huile, puis je suis passée à l’acrylique à cause de maux de tête liés aux émanations de l’huile. Et maintenant, je reviens à l’apprentissage de l’huile. Notamment grâce aux nouveaux produits qui apparaissent sur le marché : moins nocifs. Cette alternance entre l’huile et l’acrylique m’a permis de plonger dans l’univers de ces deux médiums.
Alors si vous vous demandez lequel choisir, débutante ou non, ou encore que vous souhaitez changer… Préparez-vous à découvrir non seulement les différences entre ces deux médiums, mais aussi des conseils précieux pour choisir le médium qui convient le mieux à votre style artistique et à vos besoins.
Cet article est très long, alors je l’ai découpé en deux. La première partie abordera les notions de toxicité/nocivité pour la santé et l’environnement ainsi que de la question de la sensibilité de chaque médium à la lumière. Dans la deuxième partie, nous aborderons plus l’aspect « Quel médium choisir suivant votre processus artistique et le style qui vous attire »: à lire ICI. Dans cette deuxième partie, vous trouverez aussi le podcast audio ou vidéo (qui résume les deux parties) si vous préférez ce format.
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Choisir entre la peinture à l’huile et à l’acrylique : Une question de santé et d’environnement
Dans cette section, nous examinerons les aspects liés à la toxicité et à la nocivité des deux types de peinture. J’analyserai au mieux de ma connaissance les pigments, les liants et les solvants utilisés et leur impact sur la santé et l’environnement. Mais il sera toujours très important de lire les étiquettes des produits que vous utilisez pour suivre les consignes.
Nomenclature de base pour les peintures à l’huile ou acrylique
La peinture est composée de pigments en poudre et d’un liant. L’huile de lin est utilisée pour la peinture à l’huile, tandis que l’acrylique (polymère plastique) est utilisé pour la peinture acrylique. Le solvant sert à diluer la peinture et à nettoyer les pinceaux. Dans le cas de la peinture à l’huile, traditionnellement, on utilisait de la térébenthine. Mais aujourd’hui, il existe de nombreux autres solvants à base d’huile minérale plus légères et/ou de plantes. Pour la peinture acrylique, c’est de l’eau qui est utilisée.
Donc pigment+liant = peinture. Le solvant aide à l’utiliser différemment et à nettoyer les outils/surfaces.
Les pigments : impacts sur la santé et l’environnement
La majorité des pigments sont identiques pour la peinture à l’huile ou à l’acrylique. Toutefois, ils ne réagissent pas tous de la même manière au mélange avec le liant. Pour cette raison, il existe toujours quelques différences entre les pigments utilisés dans les deux médiums.
L’acrylique offre une grande flexibilité car de nombreux pigments synthétiques peuvent être utilisés. Comme ces pigments sont créés en laboratoire, il est plus facile de contrôler leurs caractéristiques, notamment leur durabilité et leur résistance à la lumière.
Certains pigments traditionnels à base de métaux lourds, tels que le plomb ou le chrome (retirés dans la plupart des pays dans les années 80), et le cadmium (toujours présent de nos jours), peuvent présenter des risques pour la santé et pour l’environnement. Surtout lorsqu’ils sont manipulés sans précaution. Heureusement, de nombreux fabricants proposent désormais des alternatives plus sûres et respectueuses de l’environnement. Par exemple, des pigments synthétiques et organiques, qui offrent une palette de couleurs diversifiée tout en réduisant les risques pour la santé et l’impact environnemental.
Le cadmium peut donc être présent dans vos tubes. Et si certains artistes le préfèrent pour sa couleur intense (jaune ou rouge), vous avez toujours le choix de prendre l’alternative «imitation» ou «nuance».
Les liants : comparaison des options pour la santé entre huile et acrylique
Les liants jouent un rôle crucial dans la composition des peintures à l’huile et à l’acrylique, affectant leur texture et leur application. Dans la peinture à l’huile, le liant traditionnel est l’huile de lin, un produit naturel dérivé des graines de lin. Bien que l’huile de lin soit naturelle, il est important de noter que les émanations de COV (Composés Organiques Volatiles) lors de son processus de séchage peuvent être irritantes pour les voies respiratoires. Surtout dans un espace mal ventilé.
En revanche, dans la peinture acrylique, le liant principal est l’acrylique, un polymère plastique à base d’eau. Bien que les émanations de solvants dans les peintures acryliques puissent également être un facteur de risque pour la santé, c’est minime. Le principal risque réside plutôt dans le contact répété avec la peau en raison des additifs et conservateurs présents dans la formule.
Les émanations de l’acrylique sont donc généralement moins prononcées que celles de l’huile de lin. Et surtout, comme le temps de séchage est rapide, elles restent moins longtemps dans l’air ambiant.
Nous verrons plus loin quelles sont les précautions de base à prendre pour minimiser les impacts sur votre santé.
En fin de compte, ce sera à vous de choisir entre entre l’huile et l’acrylique suivant vos préférences. Si vous avez des sensibilités ou des allergies mais aussi en fonction des propriétés artistiques recherchées dans votre œuvre (on en parlera plus loin).
Les solvants : analyse des effets potentiels sur la santé et l’environnement
Les solvants sont des composants essentiels dans la préparation et le nettoyage des peintures à l’huile et à l’acrylique. Dans la peinture à l’huile, le solvant traditionnellement utilisé est la térébenthine, un liquide volatil dérivé de la résine des arbres. Bien que la térébenthine soit un solvant naturel, ses vapeurs peuvent être irritantes pour les voies respiratoires et les yeux, et son utilisation prolongée dans un espace mal ventilé peut entraîner des problèmes de santé.
Moi, ça me donnait des méchants maux de tête! Et pourtant, j’ai grandi avec cette odeur, ma mère travaillant à l’huile.
Cependant, il existe maintenant des alternatives plus écologiques et moins toxiques aux solvants traditionnels pour la peinture à l’huile. Ces éco-solvants peuvent être composés d’hydrocarbures (dérivés du pétrole) plus légers, tels que le substitut de térébenthine. Il existe aussi des diluants à base de plantes (ou un mélange des deux, dérivés pétroliers+plante comme la Taltine). Mais aussi des diluants à base de pin ou à base d’agrumes (Éco-House que j’utilise, qui a tout de même un peu de dérivés pétroliers j’ai cru voir dernièrement). Ces éco-solvants sont formulés à partir d’ingrédients naturels et/ou d’hydrocarbures plus légers, ce qui les rend moins nocifs pour la santé humaine et l’environnement.
Ces produits offrent des performances de nettoyage et de dilution similaires aux solvants traditionnels, tout en réduisant les risques pour la santé et l’environnement. Mais vous ne serez pas 100% à l’abri des maux de tête. Donc, soyez vigilante (voir chapitre suivant).
Pour l’acrylique, le solvant est l’eau. Donc, pas de problème de ce côté là.
Pour disposer de l’eau sale, lisez la suite, j,en parle plus loin (idem pour le solvant sale à l’huile).
Conseils pour une utilisation sûre de l’huile ou de l’acrylique
Précautions à prendre dans les deux cas
Lors de l’utilisation de peintures à l’huile ou de peintures acryliques, il est essentiel de prendre des précautions pour assurer une utilisation sûre et responsable. Pour minimiser les risques pour la santé, travaillez toujours dans un espace bien ventilé, surtout à l’huile! Vous serez alors moins exposés aux vapeurs de solvants. Suivant l’intensité de votre pratique, vos sensibilités et vos habitudes, portez des équipements de protection individuelle. Lesquelles?
Dans le cas de l’acrylique, si vous avez une sensibilité au niveau de la peau, mettez des gants ou une crème protectrice sur les mains. Pour l’huile, si vous êtes très sensible aux émanations ou avez une condition respiratoire, il serait bon de porter un masque, mais il serait plus sage d’opter pour l’acrylique.
Dans tous les cas, il est important de lire attentivement les étiquettes des produits et de suivre les recommandations du fabricant en matière d’utilisation puis d’élimination des déchets.
Alternatives à l’huile ou l’acrylique?
Il existe désormais sur le marché une gamme croissante de produits respectueux de l’environnement, tels que les éco-solvants. J’aime beaucoup l’odeur d’agrumes de Eco-House! Avec la Taltine, même sans odeur, j’avais mal à la tête. Mais tout le monde réagit différemment!
Voici un article intéressant qui parle de nettoyer ses pinceaux avec de l’huile de lin! Toutefois, sachez que de l’huile de lin émane aussi des composés volatils irritants (COV), mais en faible quantité: https://umvie.com/nettoyer-ses-pinceaux-facilement-avec-de-lhuile-de-lin/
Le cas de la peinture à l’huile soluble à l’eau
Les peintures à l’huile soluble à l’eau offrent des performances à priori intéressantes tout en réduisant l’impact sur la santé humaine et l’environnement. Leur utilisation est tout de même différente dans une pratique artistique. Je ne rentrerai pas dans les détails ici, car je n’ai jamais essayé moi-même. Mais j’ai appris dernièrement que pour rendre la peinture à l’huile soluble à l’eau, les fabricants ajoutent des additifs. Et les maux de tête ou problèmes respiratoires peuvent vous affecter à cause de ça, suivant votre sensibilité.
Le cas de la gouache et de l’aquarelle?
De même, la gouache et l’aquarelle, qui sont toutes deux des médiums à base d’eau, sont généralement considérées comme moins toxiques que les peintures à l’huile ou à l’acrylique traditionnelles en raison de leur utilisation d’eau comme principal diluant. Je n’en parlerai pas plus, car je ne connais pas beaucoup et que ce n’est pas le sujet de cet article.
Alternatives moins courantes
J’ai également trouvé un médium à base de plante pour l’acrylique. Chez Natural Earth Paint (lien ici). Même s’il est fait à base de plantes, il y a probablement des COV puisqu’il a une légère odeur également.
Et puis je me suis initiée à la peinture à l’œuf. Ici, seuls les pigments utilisés doivent être regardés à la loupe concernant la nocivité/toxicité. Car le liant, c’est de l’œuf, et le solvant, de l’eau. Un très bon point! Je dois m’y remettre pour vous en dire plus dans un prochain article. Bref, continuons!
Que faire pour rincer vos pinceaux (huile ou acrylique) de façon responsable vis à vis de l’environnement?
Dans tous les cas, il n’est pas recommandé de verser trop de peinture dans les tuyaux. Que vous soyez connectée aux égouts municipaux ou que vous disposiez d’une fosse septique! La bonne pratique consiste à essuyer l’excès de peinture de votre pinceau sur un chiffon avant de le tremper légèrement dans le solvant (huile ou eau suivant le médium utilisé). Puis de l’essuyer à nouveau. Répétez cette étape aussi souvent que nécessaire pour éliminer la plupart des pigments du pinceau. À ce stade, vous pouvez laisser le pinceau tremper dans votre récipient de solvant avant de le rincer à l’eau du robinet.
Pour la peinture à l’huile
Conservez le solvant usagé dans un récipient en verre. Les pigments se déposeront au fond et vous pourrez réutiliser le solvant pur qui se formera en surface. Lorsque votre récipient est rempli de résidus de pigment/solvant solide et sale, disposez-en dans un centre de tri des déchets. Ne les jetez surtout pas dans les tuyaux ou à la poubelle!
Il est préférable d’avoir deux récipients de ce type : l’un pour les résidus plus sombres, comme ceux provenant de l’utilisation de noir. J’ai en effet remarqué qu’ils se séparaient moins facilement des autres pigments.
Pour l’acrylique
Étant donné que le solvant est de l’eau, il est généralement acceptable d’envoyer de l’eau colorée dans les tuyaux si vous avez veillé à bien essuyer l’excès de peinture de votre pinceau plusieurs fois avant de le tremper dans l’eau. Cependant, si vous constatez un dépôt au fond de votre bac d’eau, cela signifie que vous n’avez pas suffisamment essuyé votre pinceau sur le chiffon! Veillez à faire un meilleur travail la prochaine fois!
Sensibilité à la lumière (décoloration): qui gagne, huile ou acrylique?
La sensibilité à la lumière fait référence à la réaction des pigments de peinture face à l’exposition prolongée à la lumière, en particulier à la lumière ultraviolette (UV).
L’acrylique et la lumière?
Dans le contexte de la peinture acrylique, certains pigments peuvent être plus sensibles à la décoloration ou au changement de couleur. Surtout lorsqu’ils sont exposés à la lumière directe du soleil ou à d’autres sources de lumière intense (spot dirigé). Cela peut se manifester par un affadissement des couleurs ou des altérations chromatiques indésirables.
La sensibilité à la lumière varie selon les pigments utilisés dans la formulation de la peinture acrylique. Certains pigments peuvent être plus résistants à la décoloration que d’autres. De manière générale, les peintures acryliques modernes sont formulées pour offrir une bonne résistance à la lumière (meilleur que certains pigments utilisés à l’huile). Mais il est important de choisir des pigments de qualité et de prendre des précautions pour protéger les œuvres d’art finies de l’exposition excessive à la lumière.
L’huile et la lumière
Comparativement, la peinture à l’huile peut également présenter une sensibilité à la lumière, bien que cela dépende également des pigments utilisés. Cependant, en raison de leur nature chimique différente, les peintures à l’huile peuvent surtout être sujettes au jaunissement avec le temps lorsqu’elles sont exposées à la lumière, avant même de subir une décoloration directe des pigments.
En résumé
En résumé, bien que la sensibilité à la lumière puisse être une préoccupation pour les deux types de peinture, les artistes peuvent prendre des mesures pour minimiser les effets de la lumière sur leurs œuvres, notamment en utilisant des vernis protecteurs (même si c’est moins nécessaire pour l’acrylique), en choisissant des pigments de haute qualité, mais surtout en évitant une exposition prolongée à la lumière directe du soleil. Ne mettez donc jamais votre œuvre sur un mur qui reçoit du soleil souvent! JAMAIS!
Conclusion de cette première partie : huile ou acrylique?
Vous le voyez, la réponse est très subjective! L’expérimentation restera la clef. Mais je vous en dis plus dans la deuxième partie de cette article. Nous parlerons cette fois des avantages et des inconvénients de l’huile et de l’acrylique d’un point de vue « processus créatif » et « style artistique » .
La deuxième partie, ainsi que le podcast audio ou vidéo de l’article complet, sont disponibles en cliquant ICI!
Et d’ici là, n’hésitez pas à laisser un message (un coucou, une anecdote, un témoignage) ou une question dans la zone des commentaires ci-dessous. Cela n’apparaîtra pas tout de suite, mais c’est normal!
Et d’ici le prochain article, Osez devenir l’artiste en vous!
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8 Comments
A noter aussi que si on laisse sécher un pinceau contenant de la peinture acrylique sans le nettoyer il durcit et devient irrécupérable rapidement. Cet inconvénient est moindre avec la peinture à l’huile qui ne sèche pas vite notamment sur le pinceau et qui sera donc récupérable après un certain temps par trempage dans le solvant.
Très bonne remarque Christiane! Je vais l’inclure dans la deuxième partie de l’article!
Bonjour Lili,
Merci pour ce podcast. Étant donné que je peins souvent de façon spontanée et intuitive, surtout les arrière-plans, j’aime bien la flexibilité que procure l’acrylique, car je change souvent le style et les couleurs au gré des essais. Toutefois, j’ai souvent une partie de ma toile qui est plus réaliste (visage, animal). Peut-être que cette partie pourrait être peinte à l’huile, qui produit de beaux fondus? Est-ce-qu’on peut utiliser les deux ? Ce sujet pourrait être intéressant à discuter à notre prochain Cercle des artistes…
En effet, j’en parle dans la deuxième partie de l’article! C’est une excellente raison de combiner les deux!
Bonjour Lili,
Juste un témoignage 🙂
Pour ma part j’utilise des huiles diluables à l’eau. J’ai testé les huiles classiques et même avec de l’essence d’agrumes comme diluant il faut passer par le petit pot en verre, laisser reposer, ce que tu évoques dans ton article! De plus cette essence n’est pas anodine non plus. Pour les huiles hydrosolubles, c’est aussi simple qu’avec l’acrylique avec en plus tout le plaisir des huiles: onctuosité, luminosité des couleurs, temps de séchage (oui oui c’est un atout la lenteur!). Donc je suis fan, par contre toujours respecter le principe du gras sur maigre et brosses soies de porc. Ça marche bien aussi au couteau. J’utilise aussi l’acrylique.
Merci Laurence pour ce témoignage! Je n’ai encore jamais essayé. Je vais probablement le faire un de ces 4!
Merci pour infos sur « choisir la peinture à l’huile ou à l’acrylique. Votre premier article me réjouit beaucoup, et confirme ce que je transmets à ma clientele. Beau travail de recherche, d’expériencesey de sensibilisation. J’attends avec impatience votre second article.
Moi aussi j’ai développer une intolérance à »huile et aux odeurs » (même pour certaines marques d’acrylique) après avoir suivi des sessions de cours dans des sous-sols ou locaux mal aérés. lL’intolérance est venu avec le temps. Alors à tous vos participants ne négligez pas cet aspect lorsque vous suivez des cours, car ils occasionnent un grans inconfort par la suite comme des migraines et autres malaises et a nous tendre sensible a d’autres produits..
Merci Diane pour ce commentaire très pertinent! C’est en effet courant de développer des intolérances et sensibilités suite à ça. À ne pas négliger!