J’adore utiliser les glacis en peinture acrylique. On me pose souvent beaucoup de questions sur cette technique: à quoi ça sert, et comment faire? Faut-il forcément un produit spécial pour ça? Quel outil peut-on utiliser: pinceau, spatule? Dans cet article, découvrons ensemble comment manier les pinceaux (ou spatules) pour créer des nuances et des transparences qui sublimeront vos œuvres!
Le féminin est employé sans aucune valeur discriminatoire.
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Décrypter les glacis en peinture acrylique: subtilité et profondeur à portée de toute artiste!
Avant d’explorer la technique des glacis, il est essentiel de comprendre en quoi consiste cette approche. Les glacis consistent à superposer des couches fines et transparentes de peinture sur une surface déjà peinte, créant ainsi des effets de lumière, de profondeur et de couleur sans altérer la couche de base.
L’erreur la plus commune concernant les glacis
Souvent, lorsque je dis « glacis », les gens pensent que je parle d’une bouteille de médium à glacis. Le glacis n’est pas un produit, c’est une technique! Certaines personnes font un raccourci et appellent le « médium à glacis » simplement « glacis ». Mais c’est une erreur. Le médium aide à faire des glacis. Et d’ailleurs, nous verrons dans cet article qu’il n’est pas obligatoire d’avoir ce médium en particulier, ni même aucun médium, pour faire un glacis.
Les avantages des glacis
Les glacis offrent la possibilité de magnifier une œuvre en intensifiant les couleurs, en créant des transitions subtiles et en ajoutant une dimension visuelle intrigante. C’est une technique qui ouvre la porte à une créativité infinie. Lorsque des glacis son présents sur une toile, la lumière donne l’impression de venir de l’intérieur de la toile. C’est également une technique à privilégiée dans les situations suivantes :
- envie d’exprimer un certain mystère ou une ambiance onirique;
- besoin de mettre l’accent sur une zone par une impression de clarté sans utiliser forcément des couleurs claires;
- redéfinir la couleur ou la lumière / l’ombre d’un endroit de la toile sans avoir à tout refaire;
- créer du flou;
- créer de la profondeur.
Il y a sûrement d’autres cas où le glacis est à privilégier. N’hésitez pas à les mentionner dans la zone des commentaires à la fin de l’article.
Apprendre à repérer les glacis
La meilleure façon de comprendre et de bien utiliser les glacis est d’observer des tableaux qui en contiennent. Que ce soit à l’acrylique ou à l’huile, les glacis ont souvent été utilisés. Toutefois, j’ai l’impression que les artistes les boudent ces derniers temps. Pourtant, la richesse d’une toile provient souvent de la portion « glacis » qui la recouvre. Personnellement, j’adore utiliser la technique des glacis dans mes toiles.
Par exemple, afin de donner une aura de mystère à la Joconde, Léonardo DaVinci a créé un certain flou dans son visage en utilisant plusieurs couches (13 ou 30, je ne sais plus, mais c’est un nombre impressionnant) de glacis! Cette technique de superposition de plusieurs glacis a même un nom : le sfumato. Par contre, ce n’est pas facile à voir (c’est le but) car c’est très subtil.
Dans les œuvres de Mark Rothko, on découvre de nouvelles couleurs en s’approchant. Mais je dois vous avouer que je l’ai remarqué seulement en voyant une de ses toiles en vrai. Sur une photo, ça ne se voit pas très bien.
Pour en savoir plus sur les glacis dans l’Histoire de l’Art, cet article est très intéressant: https://blog-bjl.bjl-multimedia.fr/les-glacis-histoire-et-techniques/
Avant de commencer un glacis en peinture acrylique
Avant de débuter, assurez-vous d’utiliser un support adapté à la peinture acrylique. Toiles, panneaux de bois ou papiers acryliques sont des choix courants. C’est également possible d’utiliser du papier pour techniques mixtes (papier plus fin que du papier acrylique), mais sachez qu’il peut gondoler et que cela risque de gêner l’exercice. Préparez la surface correctement pour recevoir les glacis. Car rappelez-vous qu’un glacis est une couche de peinture transparente sur une couche de peinture sèche. Donc, avant de pouvoir faire un glacis sur votre support, vous devez y appliquer une couleur opaque et attendre qu’elle sèche complètement.
Choix des outils
Optez pour des pinceaux à poils doux et souples, de tailles variées suivant l’étendue du glacis que vous voulez expérimenter. Les pinceaux ronds et plats sont efficaces pour appliquer les glacis avec précision. Il est également possible de créer un glacis avec une spatule. Ma préférence va aux spatules de silicone: je trouve qu’elles glissent mieux que celles en métal ou plastique.
Faites des exercices et des essais avant de vous lancer directement sur votre toile. Cela enlève de la pression et permet de réellement explorer les différentes possibilités. Plutôt que de se frustrer en essayant déjà obtenir un chef d’œuvre…
Palette de couleurs
Sélectionnez vos couleurs avec soin. Les glacis se prêtent bien aux nuances subtiles, privilégiez donc des couleurs transparentes pour commencer. Expérimentez avec les complémentaires pour des résultats surprenants, et avec le jaune pour une lumière captivante. Avec des couleurs transparentes, vous n’aurez généralement pas besoin de médium pour commencer vos premiers essais.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le blanc transparent (blanc de zinc par exemple) n’est pas toujours facile à utiliser en glacis. Car le blanc renvoie la lumière. Il faut souvent en mettre très peu, ou ajouter du médium pour optimiser le résultat. Le moindre coup de pinceau visible risque de gêner l’effet de transparence. Bref, évitez-le pour vos premiers essais.
Le médium acrylique transparent
Intégrez un médium acrylique transparent sur votre palette. Non seulement il augmente la fluidité de la peinture, favorisant une application plus lisse, mais le volume de votre couleur s’accroît aussi, ce qui donne une transparence accrue. Cela peut être un médium spécifiquement dédié à ça (médium « à glacis ») ou pas. Tant que le médium sèche de façon transparente, vous pouvez l’utiliser.
En théorie, on peut aussi utiliser de l’eau, mais le pigment ne sera pas réparti uniformément. Et cela devra être votre dernière couche de glacis, car l’eau se réactive si vous repasser par dessus. Vous perdrez alors votre effet de glacis. Donc, si cela ne vous dérange pas que le pigment ne soit pas reparti uniformément et que c’est votre dernière couche, ok pour l’eau. Sinon, évitez-la et préférez un médium acrylique transparent.
Note: après avoir écrit cet article, j’ai trouvé un artiste qui utilise exclusivement de l’eau et qui n’a pas de problème. À mon avis, cela vient du fait qu’il utilise un pinceau « brosse » (comme un pinceau à maquillage) qui absorbe l’eau en grande partie. Donc, cela laisse le pigment se déposer sans trop d’eau. C’est une technique superbe, mais assez longue à maîtriser je pense.
Mettre en pratique la technique des glacis en peinture acrylique
Préparation
Commencez par appliquer une couche de base opaque. Assurez-vous qu’elle soit bien sèche avant de passer à l’étape suivante. Mélangez votre couleur avec le médium acrylique transparent sur votre palette. La clé des glacis réside dans la dilution de la peinture pour créer une texture légère et translucide. Les proportions vont non seulement dépendre de la couleur que vous souhaitez utiliser (est-elle déjà transparente, semi-transparente ou opaque?) mais aussi du résultat escompté. Si vous souhaitez un glacis très subtil, vous pouvez mettre 90% de médium pour 10% de peinture. À l’inverse, si votre glacis doit être peu transparent, mettez peu de médium.
Application du glacis
Chargez votre pinceau du mélange et appliquez-le avec des gestes légers. Travaillez par petites sections pour maintenir un contrôle optimal. Soyez patient(e), les glacis nécessitent parfois plusieurs couches pour atteindre l’effet désiré (d’où l’importance de ne pas utiliser d’eau) .
Lorsqu’ils sont humides, les médiums transparents sont d’une couleur blanche dans le pot. Cela rend l’exercice un peu plus difficile au début, car la couleur change légèrement en séchant, puisque la transparence s’installe, mais vous vous y habituerez avec le temps!
Vous pouvez aussi utiliser la spatule pour faire un glacis. Même sans médium! Il vous suffit d’appliquer une pression assez forte pour étirer la peinture en une couche extrêmement fine. Cela fera naître naturellement une transparence, et donc, un glacis.
Une fois la première couche de glacis sèche, vous pouvez superposer d’autres glacis pour intensifier les couleurs ou créer des zones de lumière / d’ombre. Variez les teintes et les intensités pour une œuvre visuellement riche. L’expérimentation reste la clef!
Astuces pour sublimer vos créations grâce aux glacis
Jouez avec les couleurs complémentaires
Les glacis sont l’occasion idéale pour expérimenter avec les couleurs complémentaires. Créez des jeux d’ombre en superposant des glacis de teintes opposées. J’aime également beaucoup travailler avec des couleurs similaires: un glacis de magenta sur une couche de rouge cadmium donne un rouge profond.
Le jaune indien et l’or de quinachridone restent mes deux couleurs préférées pour faire des glacis. Naturellement transparentes, je les étale telles quelles, avec ma grosse spatule de silicone, sans ajout de médium.
Utilisez des pinceaux toujours propres
Pour éviter les mélanges indésirables, assurez-vous que vos pinceaux ou spatules sont propres avant chaque application de glacis. Un pinceau propre garantit une couleur pure et transparente.
Variez les effets de texture
Expérimentez en utilisant différents types de pinceaux pour obtenir des textures uniques. Des pinceaux fins peuvent créer des effets subtils, tandis que des pinceaux à poils plus durs peuvent ajouter du relief. Même si à la base, on préconise un pinceau à poils doux pour faire un glacis, il est intéressant de voir les effets créés par d’autres pinceaux!
Les erreurs courantes à éviter en faisant des glacis
Ne pas attendre que la couche de base sèche avant de faire son glacis
L’impatience peut compromettre la réussite des glacis. Assurez-vous que la couche de base soit complètement sèche avant d’appliquer les glacis pour éviter les mélanges indésirables. Sinon, vous obtiendrez un mélange humide sur humide. Toute transparence aura disparu. Et votre couleur risque d’être terne. L’inverse de l’effet lumineux souhaité en général!
Ne pas diluer suffisamment la peinture
Une dilution insuffisante avec le médium peut conduire à une application de peinture trop opaque, perdant ainsi l’effet de transparence caractéristique des glacis. Mieux vaut que votre glacis soit trop léger et en ajouter une couche que l’inverse! Soyez donc attentive et faites des tests!
Quelques situations intéressantes pour des glacis
Les glacis en art abstrait
Dans le contexte de l’art abstrait, les glacis peuvent être des outils puissants pour superposer des formes et des textures, créant ainsi des compositions abstraites complexes et captivantes. Malheureusement, je trouve que les peintres abstraits utilisent de moins en moins souvent les glacis. D’après moi, c’est bien dommage!
Les glacis pour peindre la nature
Les glacis peuvent être utilisés pour capturer la majesté des nuages en mouvement. Expérimentez avec des nuances de bleus et de rouges sur les nuages pour représenter le lever ou le coucher du soleil, créant ainsi des œuvres qui reflètent la beauté changeante de la nature. Vouloir créer un effet cotonneux est également une bonne excuse pour utiliser les glacis!
L’eau, bien entendu, est un sujet de prédilection pour les glacis! Ci-dessous, je les ai utilisé pour la portion calme des eaux, en bas de la toile, au premier plan.
Les glacis se prêtent également très bien pour représenter la délicatesse des fleurs. Les pétales translucides et les nuances subtiles peuvent être capturés avec cette technique, permettant de créer des tableaux floraux à partir d’une beauté normalement éphémère.
Créer des ombres grâce aux glacis
Cela reste la raison numéro un pour s’intéresser aux glacis. En effet, lorsqu’une ombre se projette sur une surface, cette ombre est souvent colorée et a un certain degré de transparence. Plutôt que de vouloir tout recréer avec des couleurs opaques, il suffit de faire un glacis avec la couleur foncée de l’ombre, et tadam! L’ombre apparaît!
Conclusion : Un univers de possibilités avec les glacis en peinture acrylique
Les glacis donnent l’impression que la lumière vient de l’intérieur du tableau. Et ça, c’est infaillible pour attirer le regard! Les glacis vont également permettre de faire des ombres subtiles, et donc, de donner de la profondeur. Lumière vibrante + profondeur = recette magique pour déclencher un coup de cœur!
Chères artistes, vous voilà prêtes à explorer l’univers captivant des glacis en peinture acrylique! Rappelez-vous, la clé réside dans la pratique et l’expérimentation. Prenez le temps d’apprivoiser cette technique subtile, et bientôt vous serez capable de créer des œuvres d’une beauté transcendante, remplie de profondeur et de luminosité.
Et si vous aimeriez avoir une démonstration en vidéo, dites-le dans les commentaires (avec vos questions si vous en avez encore)! Votre message n’apparaîtra pas tout de suite, car je dois l’approuver d’abord, c’est normal.
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12 Comments
Bonjour Lili, je vous découvre et je vous remercie infiniment pour cet article très instructif sur les glacis. J’ai mieux compris cette technique et si vous proposez une vidéo démonstrative c’est un grand OUI en ce qui me concerne. D’avance merci
C’est noté! Je devrai m’y atteler au début de l’été!
Merci pour votre commentaire 🙂
Très intéressée par une vidéo stp. Merci 🙂
Oki, c’est noté!
J’aime beaucoup cette technique, que j’ai commencé à explorer et je voudrais la développer . Alors oui , je suis très intéressée par une vidéo !
Ok, c’est noté! Merci 🙂
Bonjour Lili,
Merci pour cet article fort intéressant et les bons conseils. J’utilise présentement la technique du glacis sur ma toile en cours, pour la fourrure de mon lynx. La superposition des couches de poils, en alternance avec les couches de glacis, donne un résultat très intéressant ! Ça donne un effet de profondeur et de réalisme à la fourrure !
Merci Sylvie pour ce message! Les glacis successifs, c’est génial pour de la profondeur. Ton exemple est très judicieux, merci!
Une chance que j’ai la toile Murmure car je la trouve tellement belle!
Oui, une démonstration serait très intéressant.
Bonne semaine 🙂
Oki, c’est noté. Et oui, Murmure a été remarqué par d’autres, mais tu avais été la plus rapide!
Bises xxx
Bonjour Lili, Merci pour cet article très précis 🙂 . Mille fois oui pour une vidéo ! Je souhaiterais plus de précisions quant à l’utilisation uniquement de l’eau pour les glacis ; j’ai choisi de n’utiliser que les moyens à disposition de nos grands ancêtres (sans aller jusqu’à Léonard !!!!)donc pas de médiums… D’ailleurs à propos de Rotkho , bien qu’il ait toujours gardé le secret sur sa technique, on sait qu’il a repris les « recettes » des artistes de la Renaissance: pigments en poudre, huile, glacis. Et tout ça sur des formats immenses… quel boulot!!!!!
Voilà encore de quoi satisfaire le besoin d’expérimentation des « colors control freaks » 😉
Oki. Pour les Grands Maîtres, ils travaillaient à l’huile et oui, ils avaient des médiums. Le plus simple étant l’huile de lin. Mais la question de l’eau est en effet intéressante et mérite qu’on s’y attarde.
Merci pour ton commentaire!