Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on aime la peinture : cela peut aller du simple passe-temps agréable à une vraie thérapie en profondeur. Dans tous les cas, cela nous aide à s’évader des tracas du quotidien! Rapidement, passé le simple plaisir de peindre, on cherche à exprimer quelque chose de plus grand sur nos toiles : arriver à peindre une émotion devient un besoin vital!
Mais comment exprimer nos émotions avec votre pinceau (ou votre spatule)? Et surtout, comment les faire ressentir à quelqu’un qui observera votre toile?
C’est un sacré défi. Et dans cet article, vous allez découvrir quelques pièges à éviter ainsi que quelques solutions que je vous propose d’expérimenter pour résoudre ce mystère des « émotions sur la toile »!
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Peindre une émotion, ça veut dire quoi?
Lorsque l’on pense à peindre une émotion, il y a en fait deux questions différentes à aborder :
a. Comment peindre l’émotion que l’on ressent;
b. Comment faire ressentir une émotion par l’observateur de la toile (même si c’est vous).
Le piège classique de « vouloir plaire aux autres »
Dès que l’on a une trace (la toile), on se met de la pression pour que cette trace plaise aux autres. Et lorsque l’on souhaite créer une émotion sur la toile, le piège est le même : on pense aux autres, à ce qu’ils vont ressentir (ou non) en regardant notre toile.
Mais voilà, on a déjà de la difficulté à exprimer clairement nos émotions, comment peut-on envisager d’exprimer celles des autres? En tant « qu’empathe hypersensible », je ressens énormément les émotions des autres, et leur énergie me traverse, mais je me sentirais bien incapable de les exprimer clairement. Ressentir et exprimer, c’est deux choses différentes.
Le défi de taille de « faire ressentir une émotion »
Alors lorsque vous voulez « exprimer une émotion grâce à la peinture », il y a déjà un premier défi. Mais ensuite, si vous ajoutez « que cette expression de mon émotion fasse ressentir une émotion aux autres ». Wow… les attentes sont hyper élevées!!!
Ma solution pour faire ressentir une émotion aux autres grâce à votre toile.
Nous sommes toutes différentes, il est vrai, mais nous avons aussi énormément de points communs. Et cela vaut aussi pour les émotions!
Certaines personnes vont être attendries par une image (personnes A), et d’autres seront choquées (personnes B), ou alors complètement indifférentes (personnes C). Alors si vous avez peint une toile censée représenter l’amour, la douceur, la tendresse, et que vous demandez à une personne de type indifférente (C), sa réaction vous laissera croire que vous n’avez pas fait du bon travail.
Et pire si vous demandez à une personne de type B (choquée) : vous serez alors découragée par votre manque de clairvoyance!
La solution est de vous brancher à VOTRE émotion. D’apprendre à exprimer VOS ressentis. Et de faire confiance que votre toile attirera ensuite les personnes qui seront « branchées » comme vous!

Je me promène dans le bois, à la rencontre de moi-même – Acrylique sur toile -24x24pouces – vendue
Note
Ce conseil est lié à une pratique artistique non commerciale (même si je pense que cela a également énormément de cohérence pour une pratique commerciale). Car si vous peignez sur commande, ou bien pour vendre facilement, vous n’aurez pas le choix de vous brancher un peu plus sur les émotions de vos clients. Mais dans tous les cas, si vous-même ne ressentez aucune émotion, il y a peu de chance que votre client soit satisfait.
Comment développer votre propre connexion émotionnelle?
Ceci étant dit, exprimer clairement ses émotions en peinture n’est pas chose facile. On a beau parler depuis toute petite, on a de la difficulté à articuler nos ressentis. Alors même si les peindre pourrait paraître plus facile pour les personnes « visuelles », le défi reste grand.
Le piège de l’obsession sur le résultat
En peignant, si la toile ne vous fait pas ressentir ce que vous souhaitez, il vous arrive peut-être de vous obstiner. Et alors, la frustration arrive assez vite. Sauf que si vous souhaitez que votre toile exprime la douceur d’un moment partagé par exemple, comment voulez-vous arriver à peindre cela si vous êtes une boule de nerf stressée et frustrée… impossible!
Il est alors bon de prendre du recul et de se replacer dans une situation qui nous permet de revenir à l’émotion recherchée. Bref, il vous revenir à un état qui correspond à ce que vous voulez peindre! Et reconnecter avec vos émotions positives!
Comment se reconnecter avec ses émotions sans travailler sur votre toile?
Personnellement, j’ai plusieurs trucs dans ma boîte à outils.
1. La promenade en nature pour revenir à l’essentiel
J’aime beaucoup les citations suivantes:
« Il est impossible de rester énervée longtemps lorsque l’on se promène dans le bois ».
« Même s’il n’y a pas le WIFI dans la forêt, c’est l’endroit où la connexion est la meilleure! »
Même lorsque j’habitais en ville, j’allais me promener dans un parc (mon préféré à Montréal : le parc Maisonneuve! Le Jardin Botanique m’a vu déambuler de nombreuses fois).
2. L’observation des animaux
Dans le même ordre d’idée, observer un animal me rend heureuse et sereine. Je me sens très présente dans le moment, et bien connectée à mes émotions. À Montréal, le prix d’entrée du Biodôme est bien moins élevé que celui d’un thérapeute, haha!
Maintenant établie dans les Laurentides, j’observe mon chat, ou les écureuils et les oiseaux. Mieux encore : j’observe mon chat qui observe les écureuils et les oiseaux, hihi. Et puis les renards, les cerfs, les orignaux quand je suis chanceuse…
Voici une photo prise à Montréal (oui oui) par une de mes amies photographe, Julie Turconi. Attention, cette photo est protégée par les droits d’auteur. Si vous souhaitez l’utiliser ou la reproduire en peinture, faite comme moi et contactez Julie pour lui demander ses conditions!

@Tous droits réservés Julie Turconi, reproduction strictement interdite sans l’accord explicite de la photographe.
3. L’écriture libre pour se vider la tête
L’écriture libre est une forme d’écriture sans jugements. Ni des autres, ni de soi-même. Écrivez en vous dégageant des règles de grammaire et d’orthographe. Peu importe si vous fètes des fôtes (hihi). Oubliez les majuscules et la ponctuation! Le but est simplement d’écrire ce qui danse dans votre tête!
- Évacuez des émotions négatives, puis recherchez des mots ou des bouts de phrases qui vous font du bien.
- Posez-vous des questions importantes POUR VOUS, et répondez-y spontanément, même si cela à l’air fou!
Bref, donnez-vous un espace de liberté absolue pour exprimer tout ce qui vous passe par la tête, que ce soit bon ou pas.
Et surtout, ne vous limitez pas! Si vous avez envie d’écrire que vous aimeriez faire une blague au voisin en courant toute nue dans la rue un jour de pluie avec un masque sur la tête, et bien écrivez-le! Cela ne veut pas dire que vous allez le faire, mais si ça vous fait du bien de l’écrire (soit parce que ça vous fait rire, soit parce que vous savez que cela choquera votre voisin et vous vous sentirez vengée d’une frustration qu’il a créée) et bien, écrivez-le!
Le but de cet exercice est de vous libérer de cette prison du « ce qu’il faut dire et ce qu’il faut penser » que la vie en société nous impose. Et donc, de mieux vous connecter avec vos émotions personnelles.
La maîtrise technique aide-t-elle à peindre une émotion?
Dès que l’on parle de peinture, voici ce que j’entends souvent:
- je ne maîtrise pas;
- je ne sais pas dessiner;
- je ne suis pas douée.
Ou bien :
- je suis très bonne pour copier, mais je n’arrive pas à créer quelque chose de personnel;
- j’aimerais maîtriser suffisamment pour être capable d’exprimer des émotions sur ma toile;
- j’aimerais être bonne techniquement pour que le résultat plaise aux gens.
Il y a ici un piège ÉNORME dans lequel presque tout le monde tombe : penser que la technique et la maîtrise parfaite sont la solution à tous nos problèmes. Penser que si on maîtrise la technique parfaitement, on saura alors exprimer et faire ressentir une émotion sur toutes nos toiles.
Le piège de la technique
Attention, je ne dis pas que la technique n’aide pas du tout. Je dis simplement qu’elle n’est pas LA solution. La technique va être simplement une partie de la solution, et suivant le style, une partie plus ou moins grande. Laissez-moi prendre une analogie.
Analogie du bébé qui ne sait pas encore parler
J’ai travaillé plus de 10 ans avec les jeunes enfants en tant qu’éducatrice. Et souvent avec les bébés. J’ai beaucoup appris grâce à eux.
Lorsqu’un bébé ne sait pas parler, il lui est difficile d’exprimer ses émotions. Ou bien ses envies. Souvent, cela le frustre et il va pleurer. L’adulte décode alors qu’il y a quelque chose à comprendre et va essayer de déchiffrer, de deviner ce que le bébé tente d’exprimer.
En peinture, lorsque l’on manque de technique, c’est un peu la même chose. On veut exprimer quelque chose, mais on ne maîtrise pas encore le langage de la peinture. Sauf que l’observateur ne fera pas l’effort de deviner. Il passera tout simplement son chemin et restera indifférent.
Comment faire pour communiquer vos émotions en peinture?
Option 1 : la patience et la persévérance
Tout comme le bébé va prendre le temps pour apprendre à parler, l’artiste va devoir prendre le temps d’apprendre le vocabulaire de la peinture et être patiente. À force d’apprendre les bases, il lui sera plus facile d’en maîtriser le langage complet. Mais voilà, un enfant qui sait parler, même correctement, va quand même avoir de la difficulté à exprimer ses émotions (il faut avouer que même les adultes n’arrivent pas à le faire de la bonne façon!)
Donc, la maîtrise technique ne garantit pas de pouvoir transmettre une émotion! Elle va simplement la faciliter à un moment donné. Idem pour peindre une émotion.
Option 2 : trouver des alternatives.
En pouponnière, il arrivait aux éducatrices d’apprendre quelques signes simples aux bébés pour communiquer. C’est ce qu’on appelle « le langage des signes des bébés ». Ce langage permet à l’enfant de s’exprimer avec quelques gestes de base, et alors l’enfant se fait comprendre par l’adulte. Il n’y a pas de frustration, donc, pas de pleurs, et tout le monde y gagne!
En peinture, lorsque l’on ne maîtrise pas une technique, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres façon de peindre ce que l’on souhaite. Il est alors important de ne pas se frustrer ou de se décourager. Vous aurez tout intérêt à essayer plutôt de chercher une façon créative et plus simple d’exprimer ce que vous aimeriez.
En parallèle, rien en vous empêche de travailler la fameuse technique que vous ne maîtrisez pas pour un jour être capable de l’utiliser. Tout comme le bébé qui s’entraîne à parler tout en utilisant le langage des signes en attendant.
Est-ce nécessaire de peindre différemment pour créer une émotion?
Une fois que vous êtes plus habile à vous connecter à vos émotions et que vous prenez le temps de développer les bases de la peinture, vous allez avoir énormément de choix à faire sur la façon de les exprimer : couleurs, formes, gestes, compositions, textures, lumière…
La seule façon de savoir quels choix vous correspondent le mieux et de les expérimenter. Mais attention, il y a un piège terrible…
Le piège de la quête de l’originalité
Beaucoup d’artistes me disent qu’elles veulent être originale. Et en faisant cette recherche, elles perdent complètement de vue LEURS ÉMOTIONS.
Dites-vous que cette recherche de l’originalité n’est pas un besoin artistique, mais plutôt une obligation imposée par:
- le marché de l’art : si c’est original, c’est rare, donc, on peut le vendre plus cher;
- ou encore par le « marché culturel » : en gros, même si la Culture n’est pas censée être liée à l’argent, elle l’est à 100% via le tourisme ou les subventions qui visent les arts « qui plaisent » et attirent du monde.
Alors si votre but est de vous faire du bien et d’exprimer des émotions sur le plan artistique, détachez-vous de cette quête de l’originalité.
Mais alors, comment faire pour se démarquer?
Rappelez-vous que vous êtes différente de TOUT le monde sur cette planète. Même des jumeaux identiques sont différents. Alors soyez vous-même, et vous serez différente. Peut-être pas autant que ce que les marchés voudront, mais vous serez honnête, et cela se ressentira dans vos œuvres.
Une œuvre originale ne le sera plus dans le temps. Mais une œuvre authentique restera puissante quelque soit l’époque!
Si vous aimez les romans, je vous invite à lire (ou relire) « Des souris et des Hommes » de John Steinbeck. Ce chef d’œuvre littéraire illustre très bien mon point.
En résumé, peindre une émotion, c’est apprendre à mieux s’écouter!
Peindre ses émotions demande une discipline sur plusieurs niveaux :
1/ Au niveau émotionnel :
Apprenez à faire confiance à vos émotions. Exprimez-les librement, et sans penser aux autres. Vous attirerez alors des personnes qui auront la même sensibilité que vous. Rien ne sert de vouloir plaire à tout le monde! C’est impossible de toute façon… alors travaillez votre propre connexion émotionnelle. L’écriture libre est un bon outil pour cela. Et il vous sera plus facile de peindre une émotion ensuite!
2/ Au niveau personnel
Ne cherchez pas à être différente, cherchez plutôt à être vous-même! Cela donnera bien plus de puissance et d’authenticité à vos toiles. Et aux émotions véhiculées par elles.
3/ Au niveau technique
Vous avez plusieurs outils techniques à votre disposition, et si votre niveau technique n’est pas suffisant pour un projet, apprenez à reconnaître ce que vous savez déjà, plutôt que de vous frustrer sur ce que vous ne savez pas encore. Utilisez alors ce que vous connaissez et, en parallèle, développez le reste.
Peindre une émotion: le mot de la fin

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Et rappelez-vous que si vous souhaitez faire ressentir une émotion grâce à vos toiles, il va falloir travailler sur… votre connaissance de vos émotions! La maîtrise technique ne sera qu’un outil, et non une solution miracle!
Face à votre toile, au lieu de vous dire « Qu’est-ce que je peux améliorer pour que ce soit réussi? » demandez-vous plutôt « Qu’est-ce que je ressens face à ma toile, et, qu’est-ce que je peux changer (en termes de couleurs, formes, composition, texture, lumière) afin d’amplifier cette émotion? ». Et là, vous aurez des pistes plus claires!
N’hésitez pas à me poser vos questions, ou à laisser un petit mot dans la zone des commentaires!
Note: si votre commentaire n’apparaît pas tout de suite, c’est normal, je dois l’approuver d’abord.
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4 Comments
C’est toujours intéressant ce que tu nous partages… je te suis depuis un bon moment et tu m’en apprends toujours. Bravo pour ton travail et ta persévérance.
Merci Gigi!
Allô Liliiflore !
Je viens de lire ton article Comment peindre une émotion et je suis juste wow!
J’ai l’impression que c’est une amie qui me parle.
Tu présentes ce sujet avec tant de profondeur, connectée à toi-même, bravo.
Tes réflexions introspectives vont justement m’aider pour le tableau sur lequel je travaille. Continue à nous partager ton expérience!
Oh merci Carole pour ton commentaire! Et toujours ravie de savoir que cela aide une autre âme artiste 🙂
Bonne peinture!
Lili