Peindre de l’abstrait est un vrai défi : faut-il être en mode réflexion ou en mode intuition?
Je vais parler, de cette lutte interne que l’on vit souvent devant nos toiles… en tout cas, je ne sais pas vous, mais moi, c’est un peu comme un combat quand je peins dans un style abstrait. Dois-je être spontanée, lâcher prise et me connecter à mon intuition ou dois-je réfléchir pour choisir les bonnes couleurs, mettre des contrastes, déposer de la lumière, faire de la texture?
Et puis quelle composition choisir? Sauf que lorsque je réfléchis, je ne peux pas être dans l’intuition en même temps. Mais quand je suis dans l’intuition, je ne peux pas être dans la réflexion. Comment faire pour que ces deux parties de moi ne soient pas en constante lutte dans mon cerveau? Parce que cette lutte me bloque. Ou me frustre parce que je tourne en rond.
Moi ça m’est arrivé souvent. Encore maintenant ça m’arrive, mais beaucoup moins. Et je vais vous expliquer pourquoi dans cet article (et vidéo) et surtout comment utiliser ces deux parties-là de vous en collaboration plutôt qu’en conflit.
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Choisir entre la réflexion et l’intuition pour peindre de l’abstrait
En abstrait (ou semi-abstrait) l’intuition a une place importante, mais peut nous mener à tourner en rond (autrement dit, à refaire toujours les mêmes choses). On a l’impression de barbouiller. Ou de faire une multitude de fonds, sans sujet… Mais à l’inverse, si on réfléchit trop, on est pris dans une spirale où la spontanéité perd de sa force.
L’importance de l’intuition en abstrait
Quand on peint, surtout de l’art abstrait ou semi- abstrait, on a besoin d’être connectée à notre intuition, à notre spontanéité, notre authenticité, à nos émotions. C’est de cette façon que l’on se démarque car notre personnalité montre le bout de son nez. Et comme chacune est unique, nos œuvres le seront aussi!
L’importance de la réflexion en abstrait
Mais en même temps, on a besoin d’avoir certains outils techniques. On doit réfléchir pour améliorer notre toile et que le résultat corresponde à ce qu’on voudrait exprimer. Il faut que notre toile ne soit pas un simple amas de couleurs et de formes. Quelque chose doit s’en dégager. Et c’est grâce à la réflexion que l’on pourra choisir et sublimer couleurs et formes!
Le combat entre ces deux choix?
Alors, ce combat qui se passe entre nos deux oreilles, entre réflexion et intuition, il est sain. Il est normal. Mais des fois, il n’est pas très productif. Ça m’arrive souvent de recommencer une toile à cause de cette lutte interne. C’est frustrant. On a l’impression qu’on est nulle, qu’on régresse parce qu’on se dit « Ben voyons, la dernière fois, j’ai bien réussi pourquoi je n’y arrive plus maintenant? ».
En fait, réflexion et intuition sont deux éléments importants et souvent (mais pas toujours) indissociables.
À quoi servent la réflexion et l’intuition en abstrait?
La réflexion (incluant les connaissances techniques) et l’intuition (ou l’authenticité, la spontanéité) sont deux éléments intéressants qui vont venir donner de la puissance à vos toiles.
La réflexion en art abstrait
C’est important de faire grandir sa technique et ses connaissances dans les différents langages de la peinture : la couleur, la composition, les formes, les lignes, les gestes, la matière, texture, effets visuels, la lumière. Toutes ces notions, il faut les développer dans votre pratique. C’est ce qui va vous permettre de vraiment aller chercher de la finesse dans vos toiles. Vous pourrez exprimer exactement ce que vous voulez!

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Que votre idée soit claire dès le départ ou qu’elle s’éclaircir au fur et à mesure que vous peignez, vous devez faire les bons choix techniques. Mettre de la profondeur, ajouter du dynamisme, mettre l’accent sur une zone particulière… Il faut savoir quelle(s) technique(s) utiliser et comment.
Donc c’est important de muscler cette partie « réflexion » pour faire les bons choix techniques ensuite.
L’intuition en art abstrait
Mais si vous peignez de l’abstrait, ou du semi-abstrait, il est vital de garder votre spontanéité : la vigueur de votre coup de pinceau, ou sa douceur, vont changer l’ambiance de votre composition. La palette de couleur que vous choisissez en lien avec votre humeur du moment va propulser l’observateur dans une émotion différente à chaque fois!
Donc l’intuition aussi, il faut la muscler régulièrement.
Comment muscler son intuition et sa réflexion pour peindre de l’abstrait?
Dans cet article, voici ce que je prône pour atteindre l’équilibre dans votre pratique et peindre de l’abstrait qui vous plaît! Il y a d’autres personnes qui vous diront autre chose. C’est ok aussi. Prenez ce que vous aimez et laissez ce que vous n’aimez pas. Chaque artiste a ses trucs.
Une analogie très parlante
C’est exactement comme un sportif qui fait de l’aviron. Il a besoin de muscler ses deux bras. S’il en muscle juste un, il va tourner en rond. Pareil en peinture : si vous musclez juste la technique, vous allez peut-être tourner en rond; si vous musclez juste l’intuition, vous risquer également de tourner en rond.
Ça prend de muscler les deux parties pour avancer, comme la personne qui fait de l’aviron.
Ce que je prône, c’est qu’il faut muscler ces deux compétences-là séparément dans un premier temps. Je vous invite donc à avoir des moments plus techniques et des moments plus intuitifs.
Choisir vos moments
Alternez! Dans un premier temps, ce sont des moments qui sont séparés ou même des projets qui sont séparés. Avoir un projet plus technique, un portrait, un animal, une reproduction de photos et un projet plus intuitif: vous vous laissez aller, vous ne réfléchissez à rien, spontanéité totale, lâcher prise (faites des barbouillages!). Ça, c’est déjà une bonne façon de faire.
Une autre façon de faire: si vous voulez travailler sur la même toile, alternez d’une journée à l’autre ou d’une semaine à l’autre. Semaine 1, vous êtes plus en mode « intuition » par exemple. Si ça ressemble à rien, c’est pas grave. Lâchez-prise, amusez-vous, expérimentez, explorez. Ça vous mènera là où ça vous mènera.
La semaine d’après ou la séance d’après, prenez du recul, regardez, analysez, réfléchissez, puis prenez des décisions. Vous êtes alors en mode « réflexion » : changez vos couleurs, rajoutez de la lumière, enlevez des contrastes, de la matière.
Ensuite, revenez à un moment intuitif. etc. Alternez pour muscler les deux compétences et travailler ces deux éléments-là séparément.
Combinez ensuite réflexion et intuition pour pendre de l’abstrait
Plus vous allez muscler ces deux éléments et apprendre à les travailler en alternance, plus ça va être facile de les travailler simultanément. Alors qu’avant je séparais vraiment mes projets « réflexion » (réalistes par exemple) de ceux plus intuitifs, je peux maintenant utiliser ces deux modes en alternance sur le même projet, et dans la même séance de peinture!
Sur la même toile, je peux de passer de l’un à l’autre à la demande. Je suis capable d’être pendant une demi-heure sur de l’intuitif. Et puis d’un coup, je sens qu’il faut que je m’arrête. Je prends du recul, j’observe, j’analyse, je prends des décisions : je suis dans le mode analytique, ou « réflexion ».

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Je cherche une couleur, je regarde, et si ce n’est pas la bonne couleur, je réessaie jusqu’à ce que je la trouve. Cela peut durer une demi-heure ou même juste cinq minutes dans cette phase analytique. Puis, une fois que j’ai pris ma décision, je rebascule en mode intuitif et je vais simplement suivre la direction que je viens de décider précédemment.
Combien de temps consacrer aux deux modes de création en abstrait?
Le mode intuitif peut durer trois minutes, ou peut durer une demi-heure. Ou même trois heures. Je m’arrête à nouveau, je repasse en mode « réflexion ». C’est difficile dans un premier temps de passer de l’un à l’autre comme ça. Parce que lorsque l’on est dans un moment intuitif, on a de la difficulté à se rebrancher sur le mode de réflexion.
Et quand on est en mode réflexion, on a de la difficulté à se rebrancher sur le mode intuition. Mais vous allez voir que plus vous allez muscler ces deux « modes » (les deux bras du sportif qui fait de l’aviron, souvenez-vous), plus vous allez être capable de les utiliser l’un avec l’autre quasiment en même temps.
Les avantages de muscler la réflexion et l’intuition en art abstrait
Vous allez pouvoir faire avancer votre toile, non seulement dans la direction où vous avez envie qu’elle avance, mais aussi dans la direction qu’elle vous dicte et qu’elle vous soumet par intuition donc.
Il y a un dialogue qui s’installe entre vous et la toile. Le vous, c’est le côté « réflexion » plutôt analytique. Ce que vous propose la toile, c’est le côté plus intuitif. C’est ma façon à moi de le voir.
C’est en couplant réflexion et intuition que vous allez créer des œuvres plus subtiles, plus riches. Ces créations vont aller chercher des nuances plus intéressantes que si vous êtes seulement dans l’intuitif ou seulement dans la réflexion.

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Dans quel cas peut-on se passer de l’un ou de l’autre mode?
Cette alternance n’est pas toujours nécessaire, bien sûr. Si vous êtes 100% intuitive et que ça fonctionne super bien… ne vous posez pas de questions! Également, si vous êtes 100% dans la réflexion, et que vos toiles vous plaisent à merveille, pourquoi vous brancher à votre intuition? Ce que je vous propose comme cheminement, c’est pour vous aider quand vous avez l’impression, comme le gars qui fait de l’aviron, de tourner en rond.
Pour finir, voici la clef pour muscler efficacement et durablement ces deux parties de vous
La clef est, encore une fois, la pratique régulière. Si vous ne pratiquez que le mode « réflexion » pendant un temps, vous risquez l’atrophie du côté intuitif. Tout comme le sportif en aviron : s’il néglige le bras droit, son muscle va perdre de la force.
Faites donc en sorte d’avoir toujours un minimum de pratique dans les deux modes, réflexion ou intuition, pour vous assurer de ne pas perdre vos acquis.
Et n’oubliez pas : pratiquez RÉGULIÈREMENT!!!
J’espère que cet article vous motivera à progresser en abstrait. Ne partez pas sans laisser un petit coucou dans les commentaires ci-dessous. Que ce soit un simple message de gratitude, une anecdote, une question ou une demande de futur article, je vous lis toujours avec plaisir. Le commentaire n’apparaîtra pas tout de suite, c’est normal, je dois l’approuver d’abord.
Cet article fait partie d’une série de 4 articles sur l’art abstrait (ou semi-abstrait). Voici le premier article intitulé « Apprendre à peindre de l’abstrait: 4 apprentissages de base et 2 méthodes« .
D’ici mon prochain article, osez devenir l’artiste en vous…
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5 Comments
Merci Liliflore pour cet article . Je suis plutôt dans la réflexion mais quand je me trouve devant la toile blanche et la tête vide je me sens nulle. je me dis que l’abstrait pourrait être une solution…. Je sens alors un moment de panique face à l’inconnu. Je me sens encouragée à me jeter à l’eau après la lecture de ton article. Merci beaucoup.
Merci
Ça me fait plaisir! Merci pour votre petit mot 🙂
Merci LiliFlore! J’ai bien apprécié la lecture de cet article parce que ça me rejoint tellement. C’est un bien immense pour moi de lire tes propos, je vis cela dans mes petits projets d’aquarelle.
J’aime faire de l’aquarelle lorsque mon intuition prend beaucoup de place. C’est frissonnant!
Continue à nous envoyer de bons articles.
J. MELOCHE
Merci Jacqueline pour ce si gentil message!!!
Bonne aquarelle 🙂