Note: afin d’alléger le texte, la forme féminine est employée sans aucune valeur discriminatoire.

Lorsque l’on commence à peindre, on se retrouve très vite confrontée au besoin de reconnaissance des autres, ou tout du moins de ceux que l’on aime et qui sont proches de nous. Personnellement, je demandais toujours l’avis de mon conjoint, je manquais d’assurance, et comme il était photographe, je savais « qu’il avait l’oeil ». Mais rapidement, je me suis rendue compte que j’avais de la difficulté à gérer ses critiques, même si constructives, et que je commençais à avoir peur de son avis avant même d’avoir fini ma toile.

Le regard des autres: en prendre compte ou non?

Non et oui, dans cet ordre… Je m’explique.

Non pendant que vous peignez. Vous êtes dans votre univers, vous vous amusez, vous vous découvrez. Il est important de garder ce « jardin secret » libre de tout jugement extérieur. Même vous, vous ne devez pas vous juger! Ce qui est d’ailleurs le plus difficile! C’est seulement une fois que votre expérience picturale est terminée que vous pouvez envisager de porter un jugement (ou de laisser porter un jugement par les autres) sur le résultat.

Ensuite, vous avez deux alternatives:

1. Vous peignez pour exprimer ce qui danse en vous et vous avez envie d’établir un dialogue avec les autres. Dans ce cas, le regard des autres sur votre toile va avoir de l’importance, puisque c’est un dialogue. Vous souhaitez leur plaire, ou au contraire les choquer, dans votre propos pictural. Vous voulez faire réagir les émotions des gens. Leur regard va donc compter beaucoup dans votre choix de « résultat à montrer ». Mais si vous en avez peur, à vous de vous poser la question suivante: suis-je prête à établir un dialogue?
2. Deuxième cas de figure, vous peignez pour exprimer ce qui danse au fond de vous et pour raconter une histoire. C’est un monologue, un peu comme une conteuse nous emmène voyager dans ses histoires fantastiques. C’est personnellement mon intention. Je cherche à établir un dialogue avec ma toile, avec mon intérieur, ma créativité, et ensuite je raconte cette histoire avec mes pinceaux aux autres. Pour partager, mais pas pour dialoguer avec eux. Certains aiment, d’autres non.

La peur du regard des autres est parfois plus grande encore dans cette deuxième situation, car lorsqu’une observatrice émet un jugement, on se sent jugée soi-même, et non le résultat (la toile). Mais normalement, dans cette intention, le regard des autres devrait avoir moins d’importance. Il est intéressant de connaître leur ressenti pour être sûre qu’ils ont bien « compris l’histoire que vous racontez » et donc que vous vous exprimez comme vous le souhaitez, mais que ça leur plaise ou non ne devrait pas avoir d’importance pour vous.

Faut-il se libérer du regard des autres?

 Se libérer est le bon mot. Ne pas en tenir compte n’est pas une solution, on peut grandir grâce au regard des autres. Mais il ne faut pas s’emprisonner. Donc, oui, libérez-vous, sans lui tourner le dos complètement. Faites-vous en un allié plutôt qu’une prison. C’est un comportement tout à fait humain de vouloir plaire aux autres, avoir leur reconnaissance. Cela nous aide, nous valorise. Mais cela ne doit jamais se transformer en frein!

J’aime dire que chaque situation a deux côtés de médailles: le bon et le mauvais. Le bon, dans le regard des autres, c’est que cela nous encourage, nous lance des défis, nous stimule pour avancer. Le mauvais, c’est que cela peut nous décourager, nous faire peur, nous freiner. Lorsque l’on recherche le regard des autres, c’est le premier côté que nous souhaitons obtenir. Mais on oublie que le deuxième côté vient avec! Alors déjà, soyez consciente de ça. Apprenez à demander conseil à des personnes bienveillantes (lire l’article correspondant). Et surtout, ne soyez pas naïve et sachez que ce deuxième côté existe toujours! Ce n’est pas juste pour vous, tout le monde y goûte! Relativisez afin de vous « libérer de cette deuxième face de la médaille » tout en profitant de son bon côté.

« Personne n’aime ma toile sur les réseaux sociaux »…

Alors ça c’est toute une formation que je pourrai faire! Tout d’abord, sachez que les réseaux sociaux ne reflètent pas la vraie vie. J’ai beaucoup de fans sur ma page Facebook qui, lorsque je les rencontre en vrai, me disent qu’ils adorent ce que je fais même s’ils ne cliquent jamais. De plus, le nombre de personnes qui voient votre publication n’est pas si grand. La qualité de la photo joue pour beaucoup, l’heure à laquelle vous publiez, la météo… bref, on ne sait jamais! J’ai parfois des publications de mes toiles qui marchent super bien (plus de 100 « j’aime ») et d’autres fois, pas du tout (un pauvre 12 « j’aime »). Et pourtant, c’est toujours le même style et la toile plaît beaucoup dans les expos. Quand ma page FB débutait, cela m’arrivait très régulièrement de n’avoir aucun « J’aime »…

Alors ne prenez pas ça personnellement! Le regard des autres est réellement dans leur regard. Quand vous les voyez voir vos toiles en vrai, dans un contexte propice! Pas pendant qu’ils boivent leur café lors de leur pause ou qu’ils tuent le temps dans les transports en commun… Les réseaux sociaux ont un « filtre » supplémentaire. Ne vous embêtez pas à prendre cela en considération. Si vous vous sentez prête, publiez pour vous, pour vous sentir fière de le faire. Peu importe les résultats ensuite. S’ils sont bons tant mieux, sinon, pas grave, on tourne la page.

Aujourd’hui, j’ai vu quelque chose de très drôle sur Facebook. Une personne partage un texte sur les animaux avec comme photographie un chien et un enfant. Une personne commente en disant que la photo est un montage mal fait. Il s’avère que c’est une artiste photographe qui a fait un buzz mondial dernièrement pour la beauté de ses photos naturelles… Alors si cette photographe débutait et avait vu ces commentaires, elle aurait peut-être été découragée. Ça aurait été dommage.

« Je ne vends pas, personne n’aime mes toiles »…

Paul Cézanne – Maison de campagne près d’une rivière – 1890

Ça aussi c’est une autre histoire. Vendre, ce n’est pas créer, c’est vendre. Savoir vendre est tout un art. Le fait que vous ne vendez pas vos toiles n’a rien à voir avec leur qualité! Cézanne a été pauvre toute sa vie, c’était un très mauvais vendeur! Et il y en a d’autres encore comme ça. Certains vendent des trucs pas vraiment beau, mais comme ils sont bons vendeurs, il y arrivent très bien!

Ne prenez pas ce critère comme jugement personnel. Ou alors, simplement pour vous dire que vous n’êtes pas un bon vendeur et qu’il faut vous améliorer dans ce domaine (j’offre d’ailleurs une formation en ligne pour cela, cliquez ici pour les détails).

Mais comment faire pour ne plus avoir peur du regard des autres?

Cela va tellement dépendre de votre histoire personnelle que je n’ai pas de réponse toute faite. Certaines d’entre vous ont peut-être une blessure encore vive en lien avec cela. D’autres manquent cruellement de confiance en elles et ne savent pas comment la faire grandir. Je peux toutefois vous donner quelques conseils qui vous aideront, dans le moment présent, à vous détacher du regard des autres. À force de les appliquer, vous apprendrez peu à peu à vous en libérer:

Conseil numéro 1

Pour déjouer cette peur du regard des autres, mettez-vous à la place d’une autre qui voit votre travail. Et pensez à ce que vous diriez si cette personne était quelqu’un que vous aimez: un enfant, votre meilleure amie qui serait figée à cause du regard des autres sur ses toiles, ou même une inconnue qui a l’air découragée mais qui est bien sympathique. Que lui diriez-vous pour l’encourager? Pour lui redonner le goût de continuer? Pour l’amener à se faire plus confiance? Vous pouvez même écrire toutes ces phrases et les relire à chaque fois que vous en avez besoin.

Conseil numéro 2

Apprenez à tendre une plume pour recevoir une caresse, et non le bâton pour vous faire battre. Qu’est-ce que cela veut dire? Ne demandez pas l’avis de n’importe qui! Entre adultes, nous sommes parfois très durs. Dites-vous que vous êtes fragile comme une enfant, vous avez peur. Apprenez à choisir dans un premier temps les personnes avec lesquelles vous partager vos créations. Apprenez à poser des questions qui attirent des critiques constructives: qu’aimes-tu dans cette toile? Y a-t-il un élément qui agace ton oeil? Quel message comprends-tu en la regardant? Et évitez les questions trop générales comme: aimes-tu ça? Qu’en penses-tu? Est-ce que c’est beau?

Conseil numéro 3

C’est en forgeant que l’on devient forgeron. Vous êtes tombée en moyenne 2000 fois pour apprendre à marcher lorsque vous étiez bébé… et vous vous êtes relevée! La peinture c’est pareil, sauf qu’en plus, vous ne vous blessez pas physiquement. C’est juste l’égo qui prend un coup. Mais on ne peint pas avec l’égo, alors laissez-le au placard!

Donc, donnez-vous le temps. Rome ne sait pas construite en un jour. Cessez de vous décourager au premier obstacle! Rien ne s’acquière d’un claquement de doigt. Soyez patiente et persévérante et ça payera, je vous le promets!

Au final, comment gagner plus de confiance en peinture?

C’est comme tout dans la vie, ça se travaille. Alors mettez en place tous les conseils que je viens de vous donner. Encore et encore. Et à force, votre confiance va se forger, grandir et vous porter plus loin… Partagez dans les commentaires un élément qui vous fait peur, ou une situation qui vous a bloqué. Et répondez aux autres pour les aider à se motiver aussi. Ensemble, on va « booster » notre confiance!

Et pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, je propose une  formation en ligne sur les couleurs et la confiance. On apprendra ensemble à maîtrisez les couleurs et à faire grandir votre confiance en peinture. Dans le but de cheminer vers votre style bien sûr, et non en vous imposant le mien.

Je vous revois bientôt j’espère!

Bonne peinture à toutes et à tous…

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