C’est une question qui me hantait souvent: quand doit-on arrêter sa toile? Je pourrai faire mieux non? Mais je risque de tout gâcher? Qu’est-ce que je décide ?
Toutes ces questions sont très souvent présentes dans notre esprit, et il est difficile d’y répondre de façon claire et précise. Car l’art et le processus de création, c’est justement un processus, un cheminement, et non une finalité. Donc même si cette question de savoir « quand une toile est finie » est légitime, elle est aussi fatigante car n’a pas de réponse claire.
Dans cet article, je vous expliquerai les erreurs courantes que l’on fait lorsque l’on peint et je vous parlerai plus particulièrement du problème de l’impatience. On regardera ensemble également le sujet de la bienveillance envers soi, et je finirai par vous partager les questions que je me pose pour savoir si ma toile est finie ou pas.
Note: afin d’alléger le texte, la forme féminine est employée sans aucune valeur discriminatoire.
Les erreurs à ne pas faire lorsque l’on peint
Erreur 1- Définir d’avance sa toile, soit à partir d’une image, soit à partir d’une idée ou d’une vision, et s’y tenir même si on n’a plus envie.
Au début de ma pratique artistique, lorsque je me mettais devant une toile, j’avais déjà une idée précise de ce que je voulais faire. Je sais que beaucoup de gens souffrent du manque d’inspiration, mais ce n’était pas mon défi : j’avais « retenu » la peinture pendant trop longtemps dans ma tête, et le nombre de toiles que je « dois » faire est croissant de jour en jour, je n’aurais pas assez d’une vie pour toutes les faire.

Jour d’Automne – acrylique sur bois – 10x10pouces – disponible
Et à l’époque, je croyais que lorsque je choisissais une toile, je me « devais » de la faire, même si l’envie diminuait au fur et à mesure ou que d’autres idées apparaissaient.
Grosse erreur ! Peindre est un cheminement, un processus, un dialogue avec sa toile.
Sinon, on n’aurait pas besoin d’apposer les couleurs et on ferait tout dans sa tête, ça suffirait. Mais non. On veut lui donner une réalité, et pour que cela fonctionne, il faut l’écouter, cette réalité ! Donc, l’erreur numéro un n’est pas d’avoir une idée ou une image de référence, MAIS DE RESTER COLLÉE À CETTE RÉFÉRENCE À TOUT PRIX, même si on a envie de changer en cours de route !!!
Cette référence de départ n’est qu’une intuition qui nous guide, et si nous nous en écartons, alléluia ! Cela veut dire que nous « discutons » avec notre toile et que nous l’écoutons. Vous verrez alors qu’il vous sera plus facile de savoir quand elle sera terminée, puisqu’elle vous le dira ! Arrêter sa toile doit se faire en « discutant » avec votre toile…
Erreur 2- Définir d’avance les couleurs, et ne pas se permettre de changer d’idée

Source: pixabay.com
Erreur 3- Ne pas suivre son intuition mais sa raison
Ce point là résume finalement ce que je viens de vous dire. La raison, ce sont les règles que l’on connaît, que l’on apprend. Or l’art, c’est justement de savoir utiliser ces règles et ces apprentissages pour les mettre à notre service, comme on le veut, de façon originale et authentique. Alors si l’envie vous prend de tremper votre toast de confiture dans votre potage aux légumes… FAITES-LE ! Vous allez peut-être faire la grimace, mais vous pouvez aussi trouver une combinaison de goût unique et magique que personne d’autre que vous n’aura découvert ou bien partagé.
La raison, c’est ce qui est connu. L’intuition et l’imagination nous emmènent bien plus loin !
Le problème de l’impatience

Source: pixabay.com
Ah ça, c’est un gros problème… car lorsque l’on est impatiente, comme moi, on ne laisse pas le temps à notre toile de nous parler. Et si le dialogue ne s’installe pas, il n’y a pas d’échange, donc on ne grandit pas puisqu’on ne fait que répéter ce que l’on connaît déjà.
Grandir en peinture, c’est accepter de ne pas tout contrôler, c’est comprendre et écouter ce que nous dit notre inconscient. Et pour cela, il faut lui laisser le temps de s’exprimer. Seul outil disponible : le temps, donc, pour nous, la patience…
Mais voilà, lorsque l’on veut peindre une toile, la patience prend le bord… voici quelques trucs que j’ai développés.
Lorsque je commence une grande toile, je travaille par endroit : le ciel, puis pendant qu’il sèche, les montagnes, puis pendant que cela sèche, je reviens au ciel etc. parfois un petit coup de sèche-cheveux (je travaille à l’acrylique) m’aide aussi. Et le mieux, c’est de prendre son temps à préparer les bonnes couleurs, et ensuite, les mettre dans un « ziplock » pour les garder pour le lendemain.

Mini-toiles en cours – LiliFlore – Reproduction interdite
L’autre façon de procéder, c’est de faire plusieurs toiles en même temps. Personnellement, mon atelier est un peu petit pour utiliser ce truc avec des grandes toiles, mais ça marche très bien avec des plus petites.
Mais attention, dans tous les cas, le point suivant est crucial…
L’importance de la bienveillance
Beaucoup de mes élèves en peinture sont très impatientes dès le début de leur toile : il faut déjà que ce soit un chef d’oeuvre ! Mais c’est juste un bébé ! Demande-t-on à un bébé naissant de marcher tout de suite ? Non. Alors ne demandez-pas à votre toile d’être belle dès le début.
Pourquoi je parle de cela dans cet article où je traite du problème de savoir quand votre toile est finie ?

Source: pixabay.com
Et bien parce que tout est lié. Je m’explique : si vous n’êtes pas douce avec votre toile dès le début, vous allez avoir tendance à vouloir la faire plus vite, avancer rapidement, recouvrir ce que vous considérez comme raté ou laid. Et dans ce cas là, vous n’êtes pas dans la bienveillance envers vous-même ni votre toile. Alors ce sera très difficile de savoir quand arrêter : chaque défaut vous sautera au visage, chaque élément qui n’est pas selon les « plans » sera comme une gifle…
Votre toile ne sera pas l’expression d’un dialogue entre vous et elle, mais plutôt un ordre que vous lui donnerez. Alors elle ne pourra jamais vous dire qu’elle est finie, puisqu’elle n’a rien à dire. Vous serez toujours dans le questionnement. Il est donc important d’utiliser l’analogie du bébé : même s’il n’est pas parfait, il est beau. Et lorsque vous appliquerez cela à votre toile, à chaque étape de sa création, il vous sera beaucoup plus facile de savoir lorsqu’il est temps d’arrêter de la créer.
Comment juger si notre toile est finie de façon concrète
1- Les choses à faire dans un premier temps
- Lâcher la toile du regard pendant quelques secondes et la regarder de loin. La prendre en photo donne aussi un certain recul ;
- Attendre quelques jours sans trop la regarder ;
- Prendre une photo en noir et blanc;
- La regarder à l’envers ou dans le miroir.
2- Voici ensuite les questions que je me pose pour savoir si ma toile est finie
- Y a-t-il plusieurs endroits que j’adore dans ma toile ?
- Si je pars du principe qu’elle ne sera jamais parfaite et que je ne peux pas tout dire en une seule toile, est-elle belle et a-t-elle un discours cohérent ?
- Y a-t-il un élément qui détourne trop mon regard de ce qui est important dans ma toile ;
- Suis-je fière de ce que j’ai fait (avec toute ma bienveillance à mon égard).
Cette liste de questions est une liste qui correspond à ma personnalité et à ma pratique de l’Art. Vous pouvez rajouter vos propres questions que vous allez découvrir au fil du temps. N’hésitez pas d’ailleurs à nous les partager dans les commentaires ci-dessous.
J’ai lu également quelque part que Picasso avait reformulé une citation d’Antoine de St-Exupéry qui dit « La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer. » ce qui donne:
« Une toile est terminée, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer. » – Pablo Picasso (? citation à confirmer, je ne la retrouve plus?)
Conclusion : comment faire pour ne pas gâcher une toile ?
Le gâchis en art n’existe pas. Car comme je vous le disais, ce n’est pas le résultat qui compte, mais le processus. Et puis dites-vous que si vous avez réussi à le faire une fois, vous y arriverez une autre fois, c’est certain ! Donc, n’ayez pas peur, ce n’est pas dangereux ! Votre santé n’est pas en jeu, ni votre vie.
Peut-être que votre égo en prendra un petit coup, mais on s’en fiche, ce n‘est pas avec l’égo que l’on peint (ou si c’est le cas, il est temps de changer de tactique!).
Alors allez-y, foncez et apprenez à dialoguer avec votre toile, elle saura vous dire si elle est terminée ou non. Et puis rappelez-vous : c’est en forgeant que l’on devient forgeron !
N’hésitez pas à partager vos témoignages sur le sujet, ou à poser vos questions, dans la zone des commentaires ci-dessous! Vous pouvez aussi rejoindre mon groupe Facebook bienveillant pour demander des conseils sur votre toile: groupe Facebook de LiliFlore « Couleur peinture ».
D’ici le prochain article, osez devenir l’artiste en vous!
À bientôt…
Vous ne savez pas par où commencer la peinture?
Ou bien vous êtes bloquée?
Cliquez ici pour vous recevoir du contenu inspirant ainsi que mes cadeaux de bienvenue:
>> Gratuit: Guide vidéo du matériel de base
>> Bonus 1: les médiums
>> Bonus 2: le e-book « Osez devenir l’artiste en vous! »
Je m’inscris!
Autres infos:
Cours et ateliers et ateliers de peinture dans les Laurentides (Qc,Canada).
Pour celles qui préfèrent les versions « Vidéos », n’hésitez pas à vous abonner à ma chaîne YouTube en cliquant ici 🙂
Page Facebook:
Leave a reply