Personnellement, j’aime beaucoup la phrase d’Elizabeth Gilbert qui dit «J’ai toujours promis à l’écriture de la faire vivre, et je ne lui ai jamais demandé de me faire vivre.». Rappelons-le, Elizabeth Gilbert est l’auteur de deux immenses succès : «Mange, prie, aime» et «Comme par magie, vivre sa créativité sans la craindre» (mon livre préféré).
Cette phrase m’a aidé, moi, à me positionner en tant qu’artiste : ma cour de récréation préférée est celle de l’art, et si des fois le marché de l’art veut jouer avec moi, je ne dirai pas non, mais je n’irai certainement pas le supplier.
Attention, cet article fait partie d’une série de 4 articles, et il est préférable de lire les articles précédents auparavant :
Dans cet article, je vais me consacrer à définir quelles sont les différents types de carrières artistiques qui s’offrent à vous. Je ferai bien sûr le lien avec les notions déjà abordées dans les articles précédents.
Note: afin d’alléger le texte, la forme féminine est employée sans aucune valeur discriminatoire.
Cette distinction entre l’art et le marché de l’art nous amène à considérer deux faits très intéressants
Fait numéro 1: le rapport à l’argent
Quelques rappels des articles précédents…
Vous pouvez être une artiste, même si vous n’êtes pas reconnue par le marché de l’art et que vous n’en vivez pas financièrement. D’où l’inutilité totale de la fameuse question «Est-ce que vous en vivez?»… mon dieu qu’elle m’énerve cette question! Même si moi j’ai eu la faiblesse de la poser souvent au début…
Dans le même ordre d’idée, vous pouvez vivre de la peinture sans être réellement une artiste au sens pur du terme, mais plutôt une artisane en peinture. Ce qui est parfait aussi, bien sûr! C’est d’ailleurs la façon la plus facile d’en vivre, alors ne vous sentez pas gênée de la choisir. Si c’est votre voie et que certaines vous critiquent, rappelez-vous que ce choix est vôtre, et qu’il vous rend heureuse. C’est alors le meilleur choix que vous puissiez faire! Et si en plus ça paye les factures, ben vous avez gagné le jackpot! Peu importe si le terme artiste s’applique ou pas… et peu importe les critiques des collègues artistes. Gustav Klimt faisait des commandes pour des riches bourgeois et n’était pas toujours considéré comme un artiste par les artistes de l’époque. Et pourtant, il est dans les musées maintenant…
Bien sûr, vous pouvez aussi être une artiste pure et dure et vivre de votre art.
Mais il y a alors peu de chances que vous soyez en train de lire cet article (à moins que vous soyez curieuse de découvrir mon analyse, hihi).
Note: je rappelle, pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, que je prône la diversification des revenus pour les artistes. Autrement dit « Ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ». En effet, vivre de la vente de ses œuvres est très rare, long à mettre en place, et instable sur le long terme.
Moi-même, ce sont les cours de peinture qui payent mes factures. Pas la vente de mes toiles, même si chaque année, ça augmente car je mets les bonnes choses en place.
Fait numéro 2: l’acceptation des conséquences liées au marché de l’art
Si vous voulez vivre de la vente de vos oeuvres (partiellement, car comme je viens de le mentionner, en vivre totalement est extrêmement rare et difficile), vous devez accepter de devoir jouer les règles du marché de l’art. Autrement dit, vous «plier» à des règles extérieures à l’art en soi, extérieures à vous, et accepter les conséquences.
Les conséquences positives, on les aime!
Articles dans les journaux, félicitations des visiteurs, ventes, prix, reconnaissances autre… pas besoin d’en dire plus, vous savez de quoi je parle. Assez facile à accepter comme conséquences.
Les conséquences négatives, la plupart des artistes ont une fâcheuse tendance à les haïr.
Pas juste « ne pas les aimer ». Mais les repousser comme la peste. Pourtant, c’est votre capacité à les accepter qui vous aideront à encore mieux jouer le jeu, et gagner sur le long terme. Ces conséquences négatives sont: les refus, les critiques négatives, les insuccès.
Du point de vue du marché de l’art, on reconnaît un bon artiste à l’humilité qu’il a d’accepter le positif, et à la facilité qu’il a de gérer le négatif avec peu (ou pas) de frustrations.
Alors la prochaine fois que vous souhaitez râler sur un refus, et à critiquer ouvertement le jury/comité/organisme, rappelez-vous ce que vous envoyez comme message aux différents acteurs du marché de l’art… Je vous conseille plutôt de vous rappeler que Paul Cézanne fut refusé presque toute sa vie à des expositions. Les histoires des plus grands artistes, même actuels et plein de succès, ont commencées avec un nombre impressionnants d’échecs et de refus. Au lieu de râler, ils ont continué.
Et moi-même, au moment où j’écris ces lignes, je viens de recevoir un refus. Et alors? Pas grave. Ça a plus choqué mon conjoint que moi, hihi!
Les différentes carrières artistiques
Rappelez-vous, dans un article précédent, j’ai parlé des différents types d’art (thérapeutique, commercial ou culturel). Je vais m’intéresser ici à une notion parallèle : les différentes carrières artistiques. Attention, même si cela se ressemble, ce n’est pas la même chose! Pratiquer un certain type d’art ne veut pas dire «décider comment faire des sous avec». Cette distinction est TRÈS importante, et malheureusement trop souvent négligée.
Voici donc les 3 options de carrière artistique qui s’offrent à vous (d’après moi bien sûr), que j’ai décider de catégoriser en trois «ligues». Je les ai rangées par ordre de difficulté, la première étant la plus facile à intégrer
1. La ligue «amateurs» (dans laquelle on retrouve aussi des pros d’ailleurs)
Vous faites de l’art, et c’est ce qui est le plus important à vos yeux: vous promettez à votre art de le faire vivre, mais ne lui mettez pas de pression pour vous faire vivre. Vous ne faites pas d’expositions de renom, pas de concours, pas de présentation de projet. L’art est pour vous une passion, un équilibre, et parfois, vous vous amusez à faire un petit marché (ou un symposium) pour rencontrer d’autres artistes et vendre un peu, mais c’est tout.
C’est souvent dans cette catégorie que se retrouvent les artistes amateurs. Certaines ont une maîtrise irréprochable et n’ont rien à envier au pros, mais leur ambition n’est pas d’en faire carrière. Vous êtes donc plutôt dans une voie «thérapeutique» de l’art. Ça vous fait du bien, et c’est cela qui compte!
2. La ligue «commerciale», la plus attirante mais aussi celle avec le plus de concurrence
Vous faites de l’art et souhaitez en vendre de plus en plus pour en vivre (ou au moins apporter un peu de sous pour compléter). Vous voilà donc à devoir jouer le jeu de l’art commercial. Il vous faudra alors comprendre les règles du marché de l’art.
Car vouloir jouer un jeu sans connaître les règles, c’est vous assurer un insuccès, ou un succès du type «feu de paille» qui passera vite, et qui sera très instable. À moins de compter sur la chance… mais là encore, rien n’est moins durable que la chance. Vous faites beaucoup d’expositions et de symposiums pour vous montrer le plus possible, vous êtes peut-être même en galerie ou essayez d’y entrer.
3. La ligue supérieure, que j’appellerai «ligue professionnelle»
C’est une ligue principalement de type «art culturel» mais qui n’exclue pas l’art commercial de grande réputation. Tout comme dans le premier point : vous faites de l’art, et c’est ce qui est le plus important à vos yeux. Mais cette fois, votre démarche n’est pas seulement esthétique. Vous êtes plutôt un artiste engagé avec un message social et/ou culturel.
Vous faites des expositions, des présentations de projet, histoire de faire grandir votre CV certes, mais aussi de mieux comprendre votre propre démarche. (Car l’être humain grandit plus vite lorsqu’il est en relation avec les autres, plutôt que tout seul dans son coin).
Vous ne souhaitez nullement «supplier» le marché de l’art de vous considérer, mais vous ne le boudez pas non plus. Vous vous engagez donc dans une voie plus culturelle, mais ne fermez pas la porte à la voie «commerciale».
Quelles carrières pour quelles artistes?
Art thérapeutique, commercial ou culturel, vous pouvez choisir tout autant les 3 carrières artistiques présentées ici. Toutefois, certaines combinaisons ont plus de chances de réussir.
Comme je le disais, l’art et le marché de l’art ne sont pas la même chose!
La notion de type d’art correspond à l’artiste que vous êtes prioritairement: direction plutôt thérapeutique, commerciale ou culturelle;
Le marché de l’art vous demande de choisir quel type de carrière vous intéresse. Ligue «amateurs», ligue commerciale ou ligue professionnelle?
Alors oui, les combinaisons suivantes sont à priori les plus évidentes :
- art thérapeutique > ligue «amateurs»;
- art commercial > ligue commerciale;
- art culturel > ligue professionnelle.
Mais ce n’est pas une obligation! Certains peuvent faire de l’art thérapeutique et se retrouver dans la ligue professionnelle, et toutes les autres combinaisons sont également possibles.
L’option qui apporte le plus de succès financier à court terme,
C’est la 2e MAIS BIEN SÛR SI L’ARTISTE FAIT L’EFFORT DE CONNAÎTRE LES RÈGLES DU MARCHÉ DE L’ART de cette ligue dite «commerciale».
C’est la catégorie qui attire le plus de monde pour cette raison: on peut faire plus de sous.
Malheureusement, c’est aussi dans cette catégorie que l’on retrouve la plupart des échecs. Les artistes produisent des toiles qui plaisent, elles cherchent à vendre, ça marche juste ce qu’il faut pour les encourager. Soit grâce à la chance du débutant ou par une réelle adéquation avec la mode du moment. Alors elles continuent sans vraiment savoir ce qu’elles font. Et au final, elles ne font que dépenser des sous pour ne pas vendre grand-chose. Ou bien pour vivre une histoire de succès très courte.
Mais parce qu’elles voient que certaines y arrivent, elles se disent qu’il faut continuer et qu’un jour ce sera leur tour. C’est ce que j’appelle l’histoire du prince charmant. Beaucoup de promesses, pas beaucoup de réussite.
Faire un choix de carrière artistique
Pour choisir le type de carrière qui vous convient, le temps sera votre allié : au bout d’un moment, suivant les refus et les acceptations, vous emprunterez l’un ou l’autre des chemins. Suivant votre personnalité aussi.
- Car si vous avez de la difficulté à gérer émotionnellement le refus, la ligue amateurs sera peut-être plus adaptée pour vous.
- Au contraire, si vous êtes du genre à avoir des ambitions à long terme, peu importe le temps que cela prendra, peu importe les embûches… alors les ligues commerciale et professionnelle vous lanceront de beaux défis!
- Si vous avez de la difficulté à gérer la pression financière sur votre créativité, il vous faudra exclure la ligue commerciale.
Personnellement, je me retrouve dans les points 2 et 3, j’ai donc deux options: la ligue « culturelle » (la plus difficile car demande des compétences spécifique, entre autre l’écriture de demande de subventions) ou bien la ligue « commerciale » mais sans attentes financières (autrement dit, les sous rentrent avec autre chose).
Dans tous les cas, rien ne vous empêchera d’essayer de changer de voie par la suite. Il faudra que votre art (et votre âme) s’adapte sûrement, mais rien n’est impossible à qui se donne les moyens.
Mais creusons encore plus.
Quelle type de structure pour quelle carrière?
Je vais ici vous présenter un portrait extrêmement simplifié des structures privilégiées suivant la carrière que vous souhaitez embrasser. Structures ou partenaires. Sachez que tout ceci se base sur mes multiples conversations avec des artistes de tout niveau. Et aussi avec des galeristes (je suis bavarde). J’ai également lu beaucoup sur le sujet. Je ne parle donc pas toujours d’expérience vécue (je réfère être transparente avec vous).
Mais je suis du genre à prendre le plus d’informations possibles, et, au final, cet article est une façon de vous passer l’information que j’ai expérimentée ou réunie pour que cela vous aide également.
Attention, je parle bien sûr de grandes lignes principales, car chaque structure peut avoir ses particularités, mais voici en gros à quoi vous attendre :
- Les structures ou organisations de la ligue « amateurs » : marchés de Noël, marché d’artisanat, galeries locatives ou associatives, symposiums de peinture organisés par des associations d’artistes/municipalités, certains concours d’associations d’artistes moins reconnues;
- Pour la ligue commerciale : galeries commerciales non locatives, galeries culturelles/traditionnelles, symposiums de renom organisés par des professionnels du marché de l’art (ou de haute réputation avec sélection sévère), certains concours d’associations d’artistes mieux reconnues;
- Et enfin, la ligue supérieure/professionnelle : musées, centres d’exposition, exposition publique à but culturel, galeries culturelles/traditionnelles, galeries commerciales non locatives et de haute réputation, concours reconnus de haute réputation.
Lorsqu’une artiste a pour ambition de changer de ligue, il va falloir également qu’elle change d’objectifs en terme d’évènements, d’expositions, de partenaires. Bref, il faut se donner les moyens de ses ambitions.
Une autre question apparaît alors : payer ou être payée?
Les artistes doivent-elles payer pour exposer? La question est plus complexe qu’il n’y paraît. Pour résumer, voilà ce que je dirai :
- Une artiste qui peint seulement pour elle-même, ou bien pour faire de l’argent, n’apporte à priori rien de spécifique à la culture du moment. Elle apporte beaucoup de valeur esthétique (du beau) ce qui est nécessaire à tout le monde. Mais sa démarche reste centrée sur son propre bonheur. Il est donc normal que cette artiste doive payer pour exposer. Que ce soit dans des marchés ou symposiums de la ligue «amateurs». Ou dans des lieux publics, lors d’évènements, dans des galeries locatives…
- Cette même artiste, lorsqu’elle expose dans un lieu privé, ou tout du moins dans le but d’apporter du beau dans ce lieu qui appartient à quelqu’un (restaurant, hôtel, magasin…), doit faire un contrat équitable. Soit être payée puisqu’elle participe à la décoration du lieu, soit considérée que la visibilité du lieu est suffisamment intéressante pour qu’elle expose gratuitement. Mais jamais elle ne devrait payer dans ce cas là. Suivant la clientèle du lieu, une entente de commission peut être faite. Toujours à l’avantage de l’artiste, puisque la clientèle n’a pas pour vocation première d’être des collectionneurs d’art. Par exemple : max 20% au propriétaire du lieu, 80% à l’artiste.
- Cette même artiste, lorsqu’elle expose dans des galeries non locatives, décide en quelque sorte de déléguer la partie «vente» au galeriste. Il est alors normal qu’une entente de type 50% / 50% soit faite. Il se peut que certaines galeries proposent un pourcentage légèrement différent suivant la renommée de l’artiste. En général, les toiles doivent être livrées aux frais de l’artiste Par contre, elles sont souvent retournées, en fin de contrat, aux frais de la galerie.
- Par contre, une artiste qui peint dans un objectif de partage et d’échange socio-culturel doit être payée pour exposer. Sachez toutefois que souvent, dans ces cas-là, les toiles ne sont pas mises en vente, puisque l’objectif ici est l’échange d’idée, de culture, et non d’argent.
Un cas particulier: il peut arriver qu’une association vous offre de participer à une exposition moyennant des frais, et en plus, vous demande un pourcentage. Souvent, c’est une question de gestion. Les frais couvrent les frais de l’association pour la location de la salle et du matériel, buffet, etc. Et le pourcentage permet de renflouer un peu les caisses de l’association pour vous organiser par la suite des vernissages ou autres évènements auxquels vous participerez en tant que membre.
Attention, soyez tout de même vigilante. Certains sont peu scrupuleux et chargent beaucoup trop.
En conclusion : payer ou être payée?
Si vous voulez être payée pour exposer (cas 4), il va vous falloir remonter les manches et faire un gros travail d’introspection. Quasiment psychanalytique, ce travail vous permettra d’élever votre niveau de professionnalisation. Il vous faudra aussi vous plonger dans des demandes de dossiers sérieuses, construire votre CV avec soin et ne pas vous satisfaire d’une simple inscription à un symposium de peinture… (lire l’article: démarche. CV: comment écrire son dossier d’artiste en cliquant ici).

Détails – Mon refuge – 24×36″ – ©LiliFlore, toute reproduction interdite
C’est la voie que j’ai décidé d’emprunter entre 2019 et 2023. J’ai appris à mieux définir ma démarche, à partager et échanger avec le public de façon plus généreuse encore. À construire un dossier d’artiste plus sérieux. J’ai aussi appris à accepter que, contrairement à la ligue des amateurs, les refus sont la norme. Et qu’il ne suffit pas de montrer trois belles toiles pour être prise. L’égo en a pris un coup, mais j’ai beaucoup aimé mon expérience! Cela m’a aidé à grandir en tant que personne et en tant qu’artiste. Actuellement, je suis en train de redéfinir mes objectifs, car ce choix, même s’il fut très formateur, a été très chronophage sans beaucoup de résultat financier à la clef.
Si cette option ne vous convient pas…
Vous devez être prête à investir en vous, soit pour vous faire plaisir dans la ligue «amateurs», soit pour avancer plus loin dans la ligue «commerciale». Il vous faudra alors mettre la main au portefeuille et payer. Au moins dans un premier temps. Mais bien sûr, pas n’importe comment: il faudra soit payer pour exposer (ligue amateur et commerciale) soit payer pour vous former en tant que vendeuse de votre art (ligue commerciale)! Sinon, cela revient à jeter l’argent par les fenêtres. Je vous présente alors dans l’article suivant les trois stratégies principales pour vendre vos toiles. Et mieux comprendre les principes de la vente en général.
Ce sont les stratégies que j’ai côtoyer pendant toutes mes années dans le milieu « amateurs » et « commercial ». J’ai aussi appris à connaître ces stratégies grâce à la formation en marketing que j’ai prise pour lancer mon entreprise de cours de peinture. Vous les découvrirez dans l’article suivant: >>> cliquez ici pour l’article #4: les stratégies de vente pour créatifs.
Alors d’ici le prochain article, osez devenir l’artiste en vous! Et n’oubliez pas de vous inscrire sur ma liste d’envoi. Vous recevrez des notifications dans votre boîte mail quand je publie un nouvel article de blog :).
Bonne peinture à toutes et à tous…
À bientôt!
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