Déjà, première chose importante : l’art et le marché de l’art sont deux entités distinctes. Vivre de son art, c’est vouloir entrer en interaction avec le marché de l’art. Car ce n’est pas obligatoire, lorsque l’on fait de l’art, de vouloir absolument en vivre. Et inversement, certains en vivent, mais font plutôt de l’artisanat en cherchant à reproduire une recette qui se vend (autrement dit, ces artistes reproduisent une technique maîtrisée et qui plaît, mais qui n’a ni la valeur culturelle, ni la saveur d’authenticité d’un art >>> lire l’article « l’Art c’est quoi? »).
Attention, je ne juge personne, et j’admire tout autant les deux démarches! Tant que la créatrice est heureuse et rend des gens heureux, je m’en réjoui! Je dis simplement que l’art et le marché de l’art ne sont pas les mêmes « cours de récréation ». On peut vouloir jouer dans l’une et pas dans l’autre.
Plus personne n’y comprend rien…
Dans beaucoup de cas, vouloir entrer trop tôt dans une démarche commerciale peut parasiter une démarche artistique. Je connais des artistes qui ont remis complètement en question leur art, certaines qui ont fait des dépressions, et d’autres qui ont carrément arrêté! Tout cela à cause de ce petit signe de $ que l’on place à côté de nos créations…
Nous allons creuser tout ça dans cet article…
Note: afin d’alléger le texte, la forme féminine est employée sans aucune valeur discriminatoire
Vouloir vivre de son art: est-ce pour tout le monde?
Il y a des artistes qui râlent parce qu’elles disent qu’il faut payer pour exposer, mais qui payent tout de même en pensant (à tort) que c’est leur seule option. Puis elles s’épuisent et arrêtent tout.
Il y a des artistes qui abandonnent trop tôt, en pensant (à tort) qu’il faut connaître les bonnes personnes pour y arriver. Et comme elles ne les connaissent pas…
Il y a des artistes qui donnent leurs toiles à des enchères, des concours, encore et encore, en pensant (à tort) qu’elles n’ont pas le choix pour construire leur CV.
Il y a des artistes qui s’obligent à peindre ce qui plaît au public, même si elles, ça ne les fait plus vibrer, parce qu’elles pensent (à tort) que c’est la seule option pour réussir en tant qu’artiste.
Ah, ne dites pas non, je le sais bien, j’ai pensé tout cela aussi…
Quel type d’artiste êtes-vous?
La première étape avant de se lancer dans une démarche commerciale est de comprendre le marché de l’art.
Et pour cela, la première chose à faire, c’est de se positionner en tant qu’artiste : quelle type d’artiste êtes-vous, ou plutôt, quels sont les différents types d’art à votre disposition (car souvent, une artiste n’est pas « figée » mais évolue tout le long de son cheminement). Cela vous permettra non seulement de grandir personnellement dans l’environnement qui vous convient, mais si en plus vous pensez exposer ou vendre par la suite, vous serez assurée d’être à la bonne place.
En effet, si vous êtes un boucher, n’essayez pas de vendre votre viande à quelqu’un qui cherche à acheter une voiture, et qui, en plus, est végétarien… ça risque d’être compliqué.
Nous allons donc, dans un premier temps, définir quels sont les différents types d’art.
Les différentes valeurs de l’art
À mon sens, il y a trois type de pratique artistique, de valeur différente :
- l’art thérapeutique;
- l’art commercial;
- l’art culturel.
Ces trois types d’art ont des valeurs différentes, mais pas en termes hiérarchiques : je ne veux pas dire qu’un art vaut plus qu’un autre. Pas du tout. Chacun de ces types d’art à une place particulière dans nos vies, et une valeur différente.
Ce n’est pas une comparaison, ni une compétition. Et je déplore malheureusement que la plupart des artistes transforment ces différences en une guerre des égos très réductrice. Chaque art à sa place, sa valeur, sa nécessité. Et donc, chaque artiste a son importance dans le grand casse-tête de l’Art avec un grand A. Personne n’est meilleur ou moins bon que l’autre.
C’était important pour moi de le mentionner, et vous me verrez le rappeler souvent. Vous vous reconnaîtrez sûrement un peu dans toutes ces catégories, car rien n’est jamais tout noir ou tout blanc, et comme je le disais un peu plus haut : toute artiste est amenée à évoluer durant son cheminement.
Mais au fait, pourquoi je peins? Les 3 types d’art.
1. Je peins car cela me fait du bien : art thérapeutique
La plupart du temps, cette raison est la raison pour laquelle on commence à faire de la peinture (ou tout autre art). Il est très rare que quelqu’un dise : tiens, je veux devenir riche et célèbre, alors je vais faire de la peinture, même si je n’aime pas particulièrement ça…
Donc, lorsque l’on commence, on peint pour soi. Mais voilà, contrairement à notre amie guitariste, qui, lorsqu’elle joue pour s’exercer, ne s’enregistre pas (pas de traces), nous, lorsque nous peignons, il reste une trace visuelle ensuite. Et c’est là que les questions commencent : est-ce beau? Pourrais-je l’offrir à quelqu’un? L’exposer pour recueillir l’approbation des gens? Et peut-être même le vendre?
Erreur d’après moi. Dans un premier temps, si votre priorité est de vous faire du bien, je vous conseille de repousser toutes ces questions. Vous peignez pour vous, et c’est tout.
Mais alors, si je peins seulement pour me faire du bien, je ne devrai jamais exposer ou vendre mes toiles?
En théorie, oui. On ne devrait pas avoir besoin de le faire. Mais voilà, l’être humain est un être social : on aime échanger, partager, communiquer.
Nous verrons dans l’article suivant quelles sont les questions auxquelles répondre pour savoir si vous êtes prête à exposer (ou vendre) vos toiles lorsque vous êtes plutôt dans cette démarche que j’appelle « thérapeutique ».
Ce qui nous amène au deuxième « type d’art » : l’art commercial.
2. Je peins des choses qui plaisent aux autres pour faire des sous : art commercial
Cette raison apparaît généralement en second lieu, mais le problème, c’est qu’elle occulte la première raison initiale, qui était de se faire du bien. On arrive alors rapidement à un conflit interne : dois-je continuer à peindre pour moi, ou pour plaire aux autres et vendre des toiles?
Laissez-moi vous raconter quelques histoires que j’ai entendues trop souvent en lien avec ce conflit interne.
Histoire #1
C’est l’histoire d’une artiste, appelons-la Marie, qui peint pour se faire plaisir. Ses œuvres plaisent, et elle commence à en vendre, et (…avance rapide…), elle en vit bien. Puis un jour, elle se lasse de peindre toujours la même chose. Cela ne lui apporte plus le bonheur du début. Elle a l’impression de faire du travail à la chaîne. Elle décide alors de changer de style. Mais voilà, ce nouveau style ne se vend pas. Elle est donc obligée de peindre son ancien style pour continuer à vendre… Obligée de peindre… non mais quelle aberration! Quelle tristesse! Elle a perdu sa vraie raison de peindre… Heureusement, elle continue de peindre son nouveau style à côté, juste pour elle, histoire de ne pas devenir écoeurée de la peinture…mais elle est malheureuse de devoir se forcer à peindre un ancien style qui ne lui correspond plus.
Histoire #2
C’est l’histoire de Marc (nom fictif), qui peint pour le plaisir, et son style se vend super bien! Il est ravi, fait des sous, et continue de peindre pour le plaisir. Il ne se pose pas beaucoup de question, ça marche! Mais voilà, quelques années passent et son style n’est plus à la mode. Les ventes diminuent, Marc doit se trouver un travail pour payer les frais de sa grosse maison que ses anciennes ventes lui ont permis d’acquérir…
Et voici une dernière histoire qui finit bien, mais qui est moins commune puisque cela demande beaucoup plus de travail de la part de l’artiste.
Histoire #3
C’est l’histoire de Sophie (nom fictif). Elle peint pour se faire plaisir. Son style plaît, elle vend de plus en plus. Tout en continuant de montrer ses créations qui plaisent, elle explore également d’autres avenues, partage ses expérimentations avec ses fans pour connaître leur avis, et les implique dans son processus de création. Ses fans voient alors son évolution, et s’attachent à Sylvie et à ce qu’elle fait, même si cela change. Alors, lorsque la mode passe, ou bien lorsque Sylvie veut laisser son ancien style, ses fans sont toujours là. Sylvie a bien travaillé, non seulement pour ne pas rester prisonnière de son art commercial, mais aussi pour se donner la liberté de changer et de toujours aimer ce qu’elle fait…
Ces trois histoires illustrent les points suivants concernant la raison commerciale :
- vous ne devez jamais oublier votre âme au profit de la vente;
- vous ne devez jamais vous satisfaire de votre succès présent car cela peut changer vite;
- il est tout à fait possible de concilier le respect de votre âme d’artiste peintre avec le fait de vouloir faire le commerce de vos toiles, MAIS CELA NE SE FAIT PAS TOUT SEUL! Vous devez travailler pour arriver à cette conciliation! Et travailler fort.
Dans le deuxième article de cette série, nous parlerons des éléments à développer pour être sûre d’être prête à exposer/vendre vos toiles dans cette catégorie « commerciale ».
Nous arrivons au 3e type d’art: l’art culturel.
3/ Je peins car je veux exprimer/partager quelque chose d’important grâce à l’art : art culturel

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Je dois avouer que le terme « art culturel» est un peu pompeux. C’est juste que je n’arrive pas à trouver un terme approprié. Laissez-moi vous expliquer ce que j’entends par là. C’est un art qui:
- peut se retrouver dans les musées, les centre d’expositions, les galeries de renom (galeries traditionnelles/culturelles ou galeries commerciales de très haute réputation);
- n’a pas comme seule vocation de plaire esthétiquement (voire qui peut franchement déplaire);
- est centré sur la démarche de l’artiste, et non sur le résultat, même si ce résultat peut avoir de l’importance dans le processus;
- s’inscrit dans son temps et dans la culture des communautés qui l’accueillent, et qui peut parfois n’être reconnu que plus tard;
- Actuellement, on trouve aussi dans cette catégorie les galeries dites « underground » et l’art conceptuel.
Bref, dans l’art dit « culturel », le but est d’exprimer une intention qui va au-delà de la beauté et de l’utilité décorative. Sensations, émotions, message, histoire qui n’a pas pour seule vocation d’être du « beau ». Cette intention doit non seulement être consciente, mais exprimée clairement par l’artiste.
Cette intention inclut généralement les observateurs : ce n’est pas un monologue, mais bien un dialogue que l’artiste veut établir en exposant. Il ne veut pas simplement « faire un spectacle » ou « montrer du beau ».
Comment s’y retrouver dans ce casse-tête?
Il est fort probable que vous vous retrouviez un peu entre deux catégories, voire avec des critères des trois types d’art décrits ici.
Souvent, l’on commence à avoir une pratique artistique de type « thérapeutique », puis on met quelques pieds dans l’art dit « commercial » pour, parfois, se retrouver dans la catégorie dite «culturelle». Mais certains artistes ont commencé par l’art dit «culturel» pour ensuite finir dans l’art commercial, qui, il faut l’avouer, est le plus attractif car le plus propice à en vivre rapidement.
Comment définir quel type d’Artiste vous êtes?
Très simple, regardez pour vous quelle est la raison prédominante de votre pratique artistique : peignez-vous en premier lieu pour vous faire du bien, pour payer votre loyer, ou pour exprimer un message à partager? Il est sûrement difficile pour vous de faire un choix, car vous aimeriez choisir 2 ou 3 raisons à la fois. Mais je vous demande de les classer par ordre de préférence. Cela vous aidera à y voir plus clair pour la suite de votre carrière…
Suite dans les articles #2 et #3 – Être prêt(e) à exposer ou vendre, et choisir la bonne carrière artistique
Beaucoup d’artistes amateurs (débutantes ou avancées) commencent à vendre pour s’amuser, puis se retrouvent prises dans le tourbillon du commerce de leurs toiles. Je pense qu’il est très important de comprendre qu’exposer ou vendre vos toiles n’est pas à prendre à la légère. Car cela risque de vous dégoûter de la peinture, alors que vous faisiez cela pour vous faire du bien en premier lieu!
Dans l’article suivant, nous verrons alors un point très important : quand commencer à exposer ou vendre ses toiles, selon le type d’artiste que l’on est >>> cliquez ici pour l’article #2: quand commencer à exposer/vendre vos toiles?
Alors d’ici le prochain article, osez devenir l’artiste en vous! Et n’oubliez pas de vous inscrire sur ma liste d’envoi. Vous recevrez des notifications dans votre boîte mail quand je publie un nouvel article de blog :).
Bonne peinture à toutes et à tous…
À bientôt!
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